

Au procès de Cédric Jubillar, des proches de son épouse convaincues qu'il l'a "assassinée"
Des frissons ont parcouru la cour d'assises du Tarn, mercredi au procès de Cédric Jubillar, lorsque deux amies proches de son épouse Delphine ont dit leur absolue certitude que le peintre-plaquiste avait "assassiné de ses mains" l'infirmière de 33 ans, disparue en 2020.
Lors de cette journée consacrée à la vie de la jeune infirmière disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines (Tarn) et dont le corps n'a jamais été retrouvé, des proches, dont une de ses meilleures amies, collègues et institutrices de son fils Louis se sont succédé à la barre pour raconter cette femme "taiseuse" mais "pleine de vie".
"J'ai la profonde certitude que Cédric a assassiné Delphine de ses mains", a confié avec colère Chloé, son amie depuis la sixième. "Je suis convaincue que c'est Cédric Jubillar qui a tué Delphine. J'en suis sûre", a froidement énoncé Marlène, belle-soeur de la soeur aînée de la disparue.
"Elle n'imaginait pas la dangerosité de son mari qui l'épiait tous les jours", a lancé Chloé, qui a demandé à pouvoir poser une question directement à l'accusé, une requête refusée par la présidente de la cour.
"Delphine était en crise avec son mari, son mari était agressif, elle payait tout à la maison, c'était le pilier de sa famille et de sa fratrie, qui ont malheureusement perdu leurs parents, vous pensez qu'elle n'avait que ça à faire de disparaître?", a lâché Marlène à l'avocat de la défense Alexandre Martin.
Dans son box, vêtu d'un gilet noir à rayures gris sombre, Cédric Jubillar n'a rien manqué des dépositions successives, le menton souvent posé sur ses bras croisés devant lui, et les jambes à nouveau prises du même tic nerveux qui les agitait lors des premiers jours d'audience.
- "point de non-retour" -
La présidente ne lui a demandé de s'exprimer qu'en fin d'audience sur un incident datant de 2014 relaté par son ancienne voisine à Arthès (Tarn), où le couple a vécu jusqu'à cette année-là.
Elle a affirmé avoir entendu la voix de Cédric Jubillar dire "Mets-toi à genoux! Baisse les yeux!" au milieu de cris, sans pouvoir identifier la voix de Delphine à qui, pense-t-elle, étaient adressées ces injonctions.
"Je n'aurais jamais dit à ma femme de se mettre à genoux", a répondu l'accusé, ajoutant que des propos de ce type n'auraient pu s'adresser qu'à son chien, à qui il "disait de baisser les yeux quand (il) le grondait".
Quelques heures plus tôt, Anne, l'une des amies les plus proches de Delphine, dont les enfants étaient scolarisés avec Louis, avait raconté avoir "connu un couple relativement complice" avant leur éloignement progressif, un "point de non-retour" ayant été atteint lorsque Cédric n'a finalement pas signé un CDI à l'été 2020.
"Elle n'avait pas de place pour s'exprimer, elle n'existait plus avec Cédric", a-t-elle expliqué. "Quand je passais une soirée avec eux, je n'arrivais quasiment pas à parler avec Delphine. Il occupait toute la place."
- "l'enfer" -
Cette intime de la famille Jubillar a également longuement été interrogée sur le sens de stationnement de la voiture de Delphine la veille de la disparition. "Je suis formelle, la voiture était garée dans le sens de la montée devant chez elle. J'ai failli écraser son chien. Je sais parfaitement dans quel sens elle était garée", a-t-elle martelé.
Cette déclaration conforte la thèse de l'accusation, pour laquelle cette voiture, retrouvée garée dans le sens opposé au lendemain de la disparition, a pu être utilisée par Cédric Jubillar dans la nuit pour transporter le corps de son épouse.
Selon une autre amie, membre de l'association des parents d'élèves avec Cédric et Delphine, l'infirmière lui aurait confié "qu'elle vivait l'enfer à la maison".
C'est elle qui s'occupait quasi-systématiquement d'emmener et d'aller chercher Louis à l'école, ont affirmé deux professeures, dont l'une a raconté que Louis lui avait dit avoir "peur quand papa se mettait en colère contre sa petite soeur".
Le verdict est attendu le 17 octobre.
H.Raes--JdB