

Champions Cup: Bordeaux-Bègles s'offre le scalp de Toulouse et une finale
L'élève s'est offert le maître: l'Union Bordeaux-Bègles a réalisé le match parfait dimanche pour faire tomber le tenant du titre toulousain (35-18) et rejoindre la première finale de Champions Cup de son histoire.
Seule ombre au tableau à trois semaines de la finale contre les Anglais de Northampton le 24 mai à Cardiff, la sortie sur blessure de Damian Penaud, touché à la cheville gauche, en larmes à l'issue de la rencontre.
Mais en lavant l'humiliation subie en finale du Top 14 l'an dernier (59-3), l'UBB a fait ce qu'aucune équipe française n'était parvenu à accomplir dans l'histoire de la plus prestigieuse des compétitions européennes: elle a battu en phase finale le Stade Toulousain, sextuple lauréat de l'épreuve.
Certes, les hommes d'Ugo Mola s'étaient présentés amoindris au Matmut Atlantique, amputés de plusieurs cadres. En plus d'Antoine Dupont, victime d'une rupture des ligaments croisés du genou droit en mars, ils ont perdu dans la semaine Peato Mauvaka, Blair Kinghorn et Thomas Ramos.
- Jalibert au rendez-vous -
Ces hommes ont cruellement manqué malgré l'appui de 15.000 supporters toulousains ayant fait le court déplacement.
Mais le triomphe de l'UBB ne peut être réduit à ces absences. Face à l'expérience des Stadistes, qui vivaient leur septième demi-finale de Champions Cup consécutive, l'UBB a mis tous les ingrédients pour valider son billet pour le pays de Galles.
Sous le soleil alors que la pluie avait été redoutée toute la semaine, les deux premiers du Top 14 sont entrés en collision sans le moindre round d'observation.
Attendu au tournant dans son sempiternel duel avec son vis-à-vis et rival en Bleu Romain Ntamack, l'ouvreur Matthieu Jalibert a allumé la première mèche d'une percée dévastatrice, relayé par le troisième ligne Pete Samu qui est allé aplatir dans l'en-but toulousain (7-0, 4e).
Toulouse est rentré dans sa partie à tâtons, mais a su mettre en route la machine pour ne pas se laisser décrocher: Dimitri Delibes a conclu une énorme séquence qui a vu ses coéquipiers balayer toute la largeur du terrain plusieurs fois (10-8, 15e).
Les Rouge et Noir sont passés devant grâce à une pénalité de Juan Cruz Mallia, mais les locaux n'ont pas tardé à réagir, grâce au 29e essai en 27 matches cette saison de Louis Bielle-Biarrey (15-11, 23e).
La partie est ensuite devenue plus tactique et en l'absence de Thomas Ramos, les champions en titre ont souffert face au jeu d'occupation parfaitement exécuté par Maxime Lucu et Jalibert.
Le capitaine et demi de mêlée de Bordeaux-Bègles avait promis la veille d'"exploiter les faiblesses qu'ils ont eues dans la semaine et regarder ce qui peut nous faire gagner". Un mantra appliqué à la perfection, chaque ballon de relance se transformant immédiatement en danger pour l'arrière-garde haut-garonnaise.
Et si les coéquipiers d'Antoine Dupont, présent en tribune, n'avaient pas compris ce qu'ils risquaient, Louis Bielle-Biarrey s'est chargé de leur rappeler au retour des vestiaires. Le meilleur joueur du dernier Tournoi n'a mis que 19 secondes pour les punir après le coup d'envoi toulousain (25-11, 41e).
Anthony Jelonch a sonné la révolte avec une entrée percutante, permettant aux siens de réduire l'écart en profitant du carton jaune reçu par le troisième ligne bordelais Marko Gazzotti (53e), sanctionné par un essai de Pierre-Louis Barassi (25-18, 55e).
Mais ni ce temps fort toulousain, ni la blessure de Penaud avant l'heure de jeu, n'ont terni l'excellente partition déroulée par les hommes de Yannick Bru.
Dominants dans les rucks face à une des équipes les mieux dotées du monde dans ce domaine, dans le sillage d'un Maxime Lamothe omniprésent, l'UBB a rendu impuissant le Stade Toulousain.
Après les avoir dominés à deux reprises en Top 14, les Girondins ont réédité la performance dans un match couperet, au meilleur des moments.
Le 24 mai, ils tenteront d'aller chercher le premier titre européen de l'histoire du club né en 2006.
Toulouse, leader du Top 14, voudra panser ses plaies et réaffirmer sa suprématie sur la scène nationale.
J.M.Gillet--JdB