Journal De Bruxelles - Guinée: la junte suspend pour trois mois trois importants partis d'opposition

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Guinée: la junte suspend pour trois mois trois importants partis d'opposition
Guinée: la junte suspend pour trois mois trois importants partis d'opposition / Photo: Issouf SANOGO - AFP

Guinée: la junte suspend pour trois mois trois importants partis d'opposition

La junte au pouvoir en Guinée a suspendu pour "90 jours" trois des principaux partis du pays, dont ceux de l'ex-président Alpha Condé et de l'ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo, selon une décision consultée samedi par l'AFP, un nouveau tour de vis des militaires avant le référendum constitutionnel du 21 septembre.

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Cette décision du ministère de l'Administration territoriale est rendue publique alors que les principaux partis et organisations de la société civile de ce pays ouest-africain ont appelé le 10 août à des manifestations à partir du 5 septembre pour dénoncer, selon eux, une volonté de confisquer le pouvoir de la part du chef de la junte le général Mamadi Doumbouya.

L'opposition guinéenne dénonce la tenue le 21 septembre d'un référendum sur une nouvelle Constitution convoqué par le général Doumbouya, arrivé au pouvoir en septembre 2021 après avoir renversé le président civil Alpha Condé alors au pouvoir depuis plus de 10 ans.

L'ouverture de la campagne pour ce référendum, initialement prévue dimanche, a été reportée au 31 août, selon un décret lu vendredi soir sur la télévision publique. Ce report réduit la durée de la campagne d'un mois à trois semaines.

La junte a interdit toute manifestation depuis 2022, et a fait arrêter, engagé des poursuites contre ou poussé à l'exil un certain nombre de dirigeants de l'opposition.

Les partis concernés par la suspension sont le rassemblement du peuple de Guinée (RPG) de l'ex-président Condé, l'Union des Forces démocratiques de Guinée (UFDG) de l'ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo et le Parti du renouveau et du progrès (PRP) de Rafiou Sow, selon le texte du ministère de l'Administration du territoire.

"Ces partis n'ont pas satisfait aux obligations qui leur étaient prescrites. Il leur est expressément interdit de tenir des manifestations ou tout autre acte de propagande politique que ce soit au niveau de leur siège national, de leurs fédérations, sections, sous-sections ou comité de base", dit la même source.

Les trois formations avaient été placées sous "une période réserve de 45 jours" après un rapport d'évaluation, selon le ministère qui ne précise pas ce qui leur est reproché.

- "trois mois" pour régulariser -

La junte avait mi-mars annoncé la suspension de 28 partis et la dissolution de 27 autres. Le RPG faisait partie des formations suspendues mais avait ensuite pu reprendre ses activités.

Ces partis ont manqué à leurs obligations de fournir un compte bancaire ou de tenir un congrès au cours des trois derniers mois, avait justifié le ministre de l'Administration territoriale, le général Ibrahima Kalil Condé, à l'occasion de la présentation d'un rapport d'évaluation concernant les formations politiques du pays.

Début janvier, les militaires avaient déjà annoncé la suspension des partis "sans autorisation", invoquant la "nécessité d'assainir l'échiquier politique".

Les trois partis nouvellement suspendus "disposent d'un délai de trois mois, à compter de la notification de la présente décision pour procéder à la correction des manquements constatés dans leurs certifications d'évaluation", a dit le ministère dans la décision publiée samedi.

A l'expiration de ce délai, "si les corrections entreprises sont jugées insuffisantes, partielles ou non conformes aux exigences légales, des mesures complémentaires pourront être prises", a-t-il ajouté, sans plus de détail.

Fin juin, un projet de Constitution a été présenté au général Doumbouya.

Ce texte doit ouvrir la voie à un retour à l'ordre constitutionnel promis par les militaires. Les dispositions de ce projet de Constitution ne permettent pas de savoir de manière explicite si le général Doumbouya pourra ou non se présenter à une prochaine élection présidentielle.

Une "charte de transition" établie par la junte peu après le coup d'Etat impose qu'aucun membre de la junte, du gouvernement ou responsable des institutions de transition ne se présente aux élections.

L'adoption d'une nouvelle Constitution pourrait faire sauter ce verrou, dans ce pays dirigé pendant des décennies par des régimes dictatoriaux.

U.Dumont--JdB