Voile: Après un "Vendée Blues", une Transat en or pour Jérémie Beyou
Arrivée pluvieuse, mais heureuse. Jérémie Beyou et Morgan Lagravière ont remporté vendredi en Martinique la 17e édition de la Transat Café L'Or en Imoca, une victoire très attendue pour l'équipe de Charal après des années passées à enchaîner les podiums.
Parti le 26 octobre du Havre, le binôme à la barre du voilier rouge et noir a franchi la ligne dans la nuit et sous les grains à 05h15, heure locale (10h15 à Paris, GMT+1), après 11 jours 19 heures 45 minutes 18 secondes.
En arrivant sur le ponton d'honneur aux premières lueurs du jour, les deux hommes affichaient chacun un grand sourire et une mine apaisée malgré l'averse s'abattant sur leur bateau et le parterre de journalistes et de locaux venus les féliciter.
"On a bien transpiré pensant toute cette transat. On a tout donné pour arriver a ce résultat et cet écart à la fin. Jusqu'à la dernière nuit, on a voulu continuer à aller vite", a déclaré Beyou, 49 ans, les yeux rougis par l'émotion.
"Avant le départ, on voulait surtout faire notre course, on pensait avoir un petit angle, une victoire à aller chercher. On est restés concentrés sur nous. Du coup, c’est un vrai plaisir de finir comme ça, avec la manière", a-t-il estimé.
- Nouvelles armes -
Avec de nouveaux safrans et de nouveaux foils, Charal a animé les débats de bout en bout. D'abord jusqu'aux Canaries, lors d'une descente de l'Atlantique engagée, mais où l'avant de la flotte s'est finalement retrouvé à égalité dans une zone sans vent.
"C'est revenu par derrière, un vrai élastique. Cela a anéanti plusieurs jours de travail. Mais on savait que le bateau pouvait aller vite au portant, qu’on avait les armes pour être performants", a expliqué sur le ponton Morgan Lagravière, 38 ans.
Dans les alizés vers la Martinique, Charal a effectivement creusé à nouveau l'écart sur ses principaux concurrents, affichant au final une moyenne de vitesse impressionnante de 19,17 noeuds (35 km/h) sur les 5 467,42 milles (10.125 km) du parcours
Derrière le duo, qui malgré son avance confortable a continué de filer toute la nuit jusqu'au Rocher du Diamant à Fort-de-France, la 2e place en Imoca devait se jouer entre 11th Hour Racing et Macif, attendus à la mi-journée vendredi en baie de Fort-de-France.
Pour Beyou, cette victoire était espérée "depuis longtemps". Triple vainqueur de la Solitaire du Figaro (2005, 2011, 2014), titré sur la Café L'Or en 2011, le navigateur breton, compétiteur dans l'âme, enchaînait les places de choix ces dernières années.
- "Passage à vide" -
"Ceux qui connaissent mon parcours savent que tout n’a pas toujours été simple. Il y a eu des hauts et des bas. Ces victoires-là ne se construisent pas du jour au lendemain. Il faut parfois changer des choses pour que cela fonctionne", a-t-il avoué.
Après une 4e place sur le Vendée Globe 2024-2025, puis un "gros passage à vide émotionnel" au printemps, il a recruté Morgan Lagravière, co-skipper de luxe pour Thomas Ruyant lors des deux victoires du Nordiste sur la Café L'Or en 2021 et 2023.
Le marin réunionnais de 38 ans, barreur d'exception, signe donc un troisième succès consécutif dans la célèbre transatlantique en double, créée en 1993 et longtemps connue sous le nom de Transat Jacques-Vabre. Cet exploit n'avait jamais été réalisé en Imoca.
"Son état d’esprit me fait énormément de bien. Il a une façon différente de prendre les choses, moins dans la pression, plus dans le plaisir et la simplicité. Il m’a aidé à relancer la machine", expliquait juste avant le départ Beyou à l'AFP.
Dans les autres catégories, le SVR Lazartigue a remporté la Transat Café L'Or mercredi en Ultim (multicoque de 32 mètres), et Viabilis Océans a gagné jeudi en Ocean Fifty (multicoque de 15 mètres).
Les premiers Class40 (monocoques de 12 mètres) devraient franchir la ligne en fin de semaine prochaine en Martinique.
R.Vercruysse--JdB