Journal De Bruxelles - Tennis: avec Sinner et Paolini, le récital fortissimo de l'Italie à Rome

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Tennis: avec Sinner et Paolini, le récital fortissimo de l'Italie à Rome
Tennis: avec Sinner et Paolini, le récital fortissimo de l'Italie à Rome / Photo: Filippo MONTEFORTE - AFP

Tennis: avec Sinner et Paolini, le récital fortissimo de l'Italie à Rome

Le Foro Italico n'aura jamais si bien porté son nom: avec Jannik Sinner et Lorenzo Musetti en demi-finales, Jasmine Paolini en finale, l'Italie écoeure la concurrence cette semaine à Rome, signe supplémentaire que le tennis italien vit un âge d'or inédit.

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. Un palmarès dépoussiéré

Le N.1 mondial Jannik Sinner et Lorenzo Musetti (9e mondial) peuvent mettre fin à 49 années d'attente ce week-end: il faut en effet remonter à 1976 pour trouver le dernier Italien, Adriano Panatta, à avoir inscrit son nom au palmarès des Internationaux d'Italie.

Depuis plusieurs mois déjà, Sinner qui fait son retour en compétition à Rome après trois mois de suspension pour dopage par contamination accidentelle, dépoussière le palmarès du tennis italien.

Le phénomène du Haut-Adige, cette région germanophone du nord-est de l'Italie, est devenu en janvier 2023 le premier Italien à remporter un tournoi masculin du Grand Chelem depuis 1976 (Panatta). Le premier, en juin 2024, à prendre la tête du classement ATP. Le premier aussi à s'adjuger les Masters ATP de fin d'année, en novembre dernier à Turin (Italie).

Dans le sillage de son leader qui pèse à 23 ans déjà 19 titres, dont trois en Grand Chelem, l'Italie a remporté les deux dernières éditions de la Coupe Davis avec son équipe masculine, et, portée par Paolini, son équivalent féminin, la Billie Jean King Cup 2024.

Le tennis italien ne se résume pas à Sinner ou Paolini, finaliste à Roland-Garros et Wimbledon l'an dernier. Ses joueurs ont ainsi remporté 31 titres ATP entre 2016 et 2025, contre seulement huit la décennie d'avant.

Musetti, finaliste à Monte-Carlo, vient de faire son entrée dans le top 10 mondial et neuf Italiens, dont Luciano Darderi et Flavio Cobolli, vainqueurs la même semaine de mars des tournois de Marrakech et Bucarest, apparaissement parmi les 100 meilleurs joueurs mondiaux. Seuls les Etats-Unis et la France font mieux avec dix représentants chacun dans le Top 100.

. Quinze ans de travail

Le tennis italien revient de loin: au début des années 2000, il fallait descendre à la 54e place du classement mondial pour trouver le meilleur Italien, Andrea Gaudenzi, actuel patron du circuit ATP. En Coupe Davis, l'équipe italienne évolue alors dans le groupe 2, l'équivalent de la 3e division mondiale.

Le renouveau italien va d'abord être féminin avec quatre sacres en Fed Cup (2006, 2009, 2010, 2013), le titre de Francesca Schiavone à Roland-Garros en 2010, puis de Flavia Pennetta à l'US Open 2015.

Après quelques frémissements grâce à Fabio Fognini qui, en s'imposant à Monte-Carlo en 2019, est le premier à remporter un Masters 1000, le tennis masculin revient au premier plan grâce à Matteo Berrettini -- finaliste à Wimbledon en 2021 -- et Sinner.

"C'est le résultat de quinze années de bon travail de la Fédération, avec sa base dans les clubs comme pour le haut-niveau en organisant beaucoup de tournois internationaux dans toutes les catégories d'âge", observe l'Espagnol Emilio Sanchez, ancien N.7 mondial, devenu entraîneur.

"Ils ont par exemple décentralisé la gestion de leurs espoirs: avant tout le monde devait passer par un centre national et était retiré de son environnement naturel. Maintenant, la Fédération vient vers les joueurs, les financent", admire-t-il.

Avec cette décentralisation, un maillage dense d'entraîneurs fédéraux et un accès dès le plus jeune âge à des préparateurs physiques ou mentaux, la Fédération italienne (FITP) fait en sorte, assure Filippo Volandri, son responsable du haut-niveau masculin, que "tous les joueurs arrivent à exprimer leur potentiel".

"C'est la grande différence avec ce qui se passait avant, où on observait que les joueurs italiens avaient une maturation tardive ou n'arrivaient jamais à atteindre leur 100%".

La FITP, dirigée depuis 2001 par Angelo Binaghi, a aussi mis en place un programme de construction de terrains en ciment pour sortir du tout terre-battue qui s'accompagne d'un changement dans le style de jeu et dans les entraînements.

"Dans l'enseignement comme dans le jeu, résume Michelangelo Dell'Edera, le directeur de l'Institut de formation des entraîneurs de la FITP, on s'efforce de donner moins d'importance à la technique qu'à la tactique, à la répétion des coups droits ou revers qu'au service et au retour de service".

G.Lenaerts --JdB