La Thaïlande libère 18 soldats cambodgiens détenus depuis juillet
La Thaïlande a libéré 18 soldats de l'armée cambodgienne capturés en juillet, ont annoncé les deux gouvernements mercredi, quelques jours après la conclusion d'une nouvelle trêve dans le conflit frontalier meurtrier entre les deux pays.
"Je peux confirmer que nos 18 héroïques soldats sont arrivés sains et saufs sur le sol cambodgien vers 10H00" (03H00 GMT), a déclaré à l'AFP le ministre cambodgien de l'Information, Neth Pheaktra.
Selon le Cambodge, ces soldats avaient été capturés le 29 juillet, soit plusieurs heures après un premier cessez-le-feu conclu sous l'égide des Etats-Unis, de la Chine et de la Malaisie à l'issue de cinq jours d'affrontements meurtriers.
Quelques-uns des hommes libérés sont apparus à la fenêtre de leur bus, souriants et faisant des signes de la main à la foule qui les saluait à la frontière de la province de Pailin, et ensuite à Phnom Penh.
La télévision nationale a également montré les visages de proches, les larmes aux yeux, tandis que les soldats devaient être reçus par le Premier ministre cambodgien Hun Manet.
"Je suis si heureux. J'ai hâte de le voir. Il me manque tellement", a réagi auprès de l'AFP Voeung Vy, le père âgé de 51 ans d'un des soldats rapatriés, qui attendait son retour à Phnom Penh.
- "Cadeau de Nouvel An" -
Une femme dans la foule, Im Sivorn, âgée de 53 ans, se réjouissait de ce "cadeau de Nouvel An". "Comme Cambodgienne, je suis très heureuse d'accueillir ces 18 soldats héroïques de retour au pays", a-t-elle dit à l'AFP.
La diplomatie thaïlandaise a elle aussi confirmé cette libération, évoquant dans un communiqué une "démonstration de bonne volonté et d'instauration de confiance".
Les deux pays ont annoncé samedi un cessez-le-feu immédiat dans leur conflit frontalier, qui a fait ces dernières semaines au moins 47 morts et provoqué le déplacement de près d'un million de personnes de part et d'autre.
Ils se sont notamment engagés dans une déclaration commune à geler leurs positions militaires et coopérer dans les opérations de déminage des régions frontalières et la lutte contre la cybercriminalité.
Signé par leurs ministres de la Défense, le texte évoquait la libération par la Thaïlande de 18 soldats cambodgiens après 72 heures de cessez-le-feu effectif.
L'accord prévoit également le retour des civils chassés par trois semaines de combats qui avaient ensanglanté la zone contestée en dépit d'un cessez-le-feu signé en octobre en Malaisie en présence du président américain Donald Trump.
La pause dans les combats avait menacé de voler en éclats en début de semaine, après que Bangkok a accusé Phnom Penh d'avoir violé la trêve avec le survol du territoire thaïlandais par plus de 250 drones.
Le Cambodge avait tenu à minimiser la portée de cet incident, qualifié de "petit problème" par son ministère des Affaires étrangères.
Le ministère de la Défense cambodgien avait ensuite nié tout survol.
Les deux royaumes asiatiques s'opposent de longue date sur le tracé de leur frontière de 800 kilomètres, décidé pendant la période coloniale française. Cambodge et Thaïlande s'accusent mutuellement d'avoir déclenché la dernière escalade meurtrière pour le contrôle de temples centenaires dans la zone frontalière.
Un premier épisode d'affrontements en juillet avait déjà fait 43 morts en cinq jours avant qu'une trêve ne soit conclue, grâce notamment à l'intervention du président américain Donald Trump.
Le conflit frontalier reste cependant en suspens. Le Cambodge a déclaré lundi avoir demandé à la Thaïlande une réunion en janvier mais Bangkok a répondu mardi vouloir attendre l'installation du prochain gouvernement, après les élections législatives prévues en février.
J.F.Rauw--JdB