Journal De Bruxelles - De Miami au Guatemala, l'exil d'enfants séparés de leurs familles par Trump

Euronext
AEX -0.78% 939.59
BEL20 -0.28% 4986.02
PX1 -0.21% 8068.62
ISEQ -0.44% 12863.03
OSEBX 0.1% 1642.81 kr
PSI20 0.09% 8001.36
ENTEC -0.41% 1416.23
BIOTK -1.56% 4286.65
N150 0.01% 3695.55
De Miami au Guatemala, l'exil d'enfants séparés de leurs familles par Trump
De Miami au Guatemala, l'exil d'enfants séparés de leurs familles par Trump / Photo: CHANDAN KHANNA - AFP

De Miami au Guatemala, l'exil d'enfants séparés de leurs familles par Trump

Andy s'apprête à embarquer pour le Guatemala, où se trouve son père. Mais pour ce garçonnet de six ans, ce n'est pas un simple retour au pays d'origine pour des vacances: son père a récemment été expulsé des Etats-Unis par la police de Donald Trump.

Taille du texte:

"C'est un peu triste parce qu'ils ont emmené mon frère, et moi j'ai dû rester avec le petit pour m'en occuper", raconte Osvaldo, l'oncle d'Andy qui l'accompagne à l'aéroport de Miami, grande ville de Floride (sud-est) où résident d'importantes communautés originaires d'Amérique latine.

Ces populations sont les premières visées par la virulente politique antimigrants du président américain, qui a encore récemment redoublé de violence dans sa rhétorique. Son administration déploie en masse la police de l'immigration qui suscite la terreur avec ses agents masqués aux méthodes parfois brutales.

Après une décennie en Floride, Adiner, le père d'Andy, fait partie des nombreuses personnes expulsées depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier.

Né aux Etats-Unis, Andy, lui, est américain. Jusqu'en novembre, il vivait avec son père. Un jour, alors qu'il venait le chercher à l'école, un policier l'arrête. Il n'avait ni visa, ni permis de séjour.

- "Inquiet pour le petit" -

Partir rend Andy "un peu nerveux", même s'il est aussi content de revoir son père, dit Osvaldo, qui n'a pas souhaité donné son nom complet.

"Je pense toujours à mon frère, à la raison pour laquelle ils l'ont arrêté. Et je m'inquiète aussi pour le petit", continue l'oncle, qui craint lui-même d'être interpellé.

A l'aéroport ce jour-là, Andy, sac sur le dos et petite croix autour du cou, est accompagné de six autres enfants entre trois et 15 ans. Trois sont des Américains, les autres des Guatémaltèques ayant grandi en Floride.

Tous partent pour les mêmes raisons.

Le départ a été organisé par le Guatemalan-Maya Center, qui vient en aide aux familles confrontées à ce genre de situations entre les Etats-Unis et le pays d'Amérique centrale.

Au terminal, la militante associative Mariana Blanco s'assure que les enfants ont tout le nécessaire pour le voyage.

Parmi les enfants américains, la militante associative montre Franklin, trois ans, et son frère Garibaldi, six ans. Le cadet, portant un pull Spider-Man et sac à dos imprimé de dinosaures, regarde autour de lui, l'air perdu.

Eux aussi partent retrouver leur père, récemment expulsé de Floride. Leur mère, qui travaille du matin au soir, craint elle aussi d'être arrêtée.

Dans l'avion, les enfants seront accompagnés de deux bénévoles de l'association.

- "Droits des enfants bafoués" -

Diego Serrato, l'un des bénévoles, accuse le gouvernement Trump de "racisme" et de "bafouer les droits des enfants". "C'est triste de voir sur leurs petits visages l'inquiétude et la peur à la place du sourire qu'ils devraient avoir", déplore-t-il.

Dans le groupe, se trouvent aussi Mariela, 11 ans, qui vivra au Guatemala avec sa mère car son père a peur d'être arrêté; Alexis, 11 ans, qui a dû se réfugier quelques jours chez une tante éloignée; ou encore Enrique, 13 ans, qui verra sa mère pour la première fois en huit ans alors que son père est détenu par la police de l'immigration.

"Personne ne devrait subir ça, encore moins un enfant", lance la militante associative Mariana Blanco, qui dénonce une situation "triste et cruelle".

Ces enfants seront confrontés à une nouvelle vie, leurs familles vivant pour la plupart dans des régions rurales difficiles du Guatemala, souligne Mariana Blanco. Parmi les plus âgés, la plupart devront, faute d'argent pour payer l'école, "se mettre à travailler", prévient-elle encore.

Alors que le groupe se dirige vers les douanes, Andy fait brusquement demi-tour pour serrer fort dans ses bras son oncle Osvaldo, avant de retourner avec les autres enfants.

R.Cornelis--JdB