Procès Bolsonaro: lourdes peines pour les accusés d'un projet d'assassinat de Lula
La Cour suprême du Brésil a condamné mardi à plus de vingt ans de prison trois militaires et un policier reconnus coupables d'avoir planifié en 2022 l'assassinat du président Lula dans le cadre d'une tentative de coup d'Etat en faveur de son prédécesseur Jair Bolsonaro.
Ce verdict a été rendu lors d'une nouvelle étape du procès lors duquel l'ancien président d'extrême droite (2019-2022) a écopé d'une peine de 27 ans de réclusion en septembre.
M. Bolsonaro, 70 ans, a été considéré par les juges comme le dirigeant d'"une organisation criminelle" ayant conspiré pour son maintien au pouvoir "de façon autoritaire" malgré sa défaite électorale face au président actuel Luiz Inacio Lula da Silva en octobre 2022.
Selon l'accusation, le coup d'État n'a pas été concrétisé faute de soutien de hauts responsables militaires.
En plus de l'ex-président, 14 de ses anciens proches collaborateurs ont déjà été condamnés au cours de différentes étapes du procès ces derniers mois.
Lors du volet conclu mardi, neuf militaires et un policier étaient accusés d'avoir pris part à la préparation de la mise en œuvre opérationnelle du coup d'État.
Quatre d'entre eux ont été condamnés aux plus lourdes peines pour leur implication dans un projet de triple assassinat intitulé "Poignard vert et jaune" (les couleurs du Brésil).
Les cibles : Lula, son vice-président Geraldo Alckmin et le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes, en charge du procès.
Les lieutenants-colonels de l'armée Hélio Ferreira Lima, Rodrigo Bezerra de Azevedo et Rafael Martins de Oliveira, ainsi que le policier Wladimir Matos Soares "ont élaboré un plan pour la neutralisation d'autorités publiques brésiliennes", a déclaré le juge Alexandre de Moraes en présentant son vote pour la condamnation.
Le premier a été condamné à 24 ans de prison, les trois autres à 21 ans.
Cinq militaires accusés d'avoir "fait pression" sur des généraux pour soutenir le coup d'État ont été condamnés à des peines allant d'un an et onze mois à 17 ans.
Le général à la retraite Estevam Theophilo a été acquitté faute de preuves, bien que les juges aient souligné de "fortes suspicions" quant à sa participation au plan putschiste.
- Tensions diplomatiques -
Les condamnés pourront faire appel et ne commenceront à purger ces peines qu'après l'épuisement de tous les recours possibles.
C'est également le cas pour Jair Bolsonaro. Son premier appel a été rejeté à l'unanimité par les quatre juges de la première chambre de la Cour suprême, une décision entérinée vendredi soir.
Une source de la Cour suprême a indiqué à l'AFP que ses avocats peuvent encore présenter d'autres recours, qui pourraient toutefois être rapidement rejetés à leur tour.
M. Bolsonaro, assigné à résidence depuis août, pourrait donc être incarcéré au cours de la dernière semaine de novembre, selon le rythme habituel des procédures.
Ce procès a empoisonné les relations bilatérales avec les Etats-Unis du président Donald Trump, dont Jair Bolsonaro est un allié de longue date.
Washington a notamment infligé une surtaxe punitive de 40% sur une partie des produits brésiliens exportés vers les Etats-Unis, invoquant une "chasse aux sorcières" contre M. Bolsonaro.
Des sanctions individuelles ont également été prises, visant notamment le juge Alexandre de Moraes, ainsi que plusieurs ministres du gouvernement Lula.
Les relations entre Washington et Brasilia ont toutefois donné récemment des signes de détente, le président brésilien ayant rencontré Donald Trump fin octobre en Malaisie.
L'un des fils de l'ex-président brésilien d'extrême droite, le député Eduardo Bolsonaro, mène depuis les États-Unis une campagne de lobbying pour que l'administration Trump intercède en faveur de son père.
Les juges de la première chambre de la Cour suprême ont voté à l'unanimité pour que le parlementaire soit jugé pour entrave au procès de son père. Cette décision doit encore être entérinée formellement vendredi.
O.Leclercq--JdB