A New York, l'obsession du coût de la vie
Au bord de la voie rapide reliant les arrondissements de Brooklyn et du Queens à New York, les automobilistes peuvent difficilement rater l'immense bannière jaune qui a fait son apparition: "Votez Zohran, pour une ville abordable."
Peut-être plus que tout autre facteur, c'est la lutte contre la vie chère, dont il a fait le coeur de son programme, qui a propulsé le candidat démocrate Zohran Mamdani en tête de la course pour la mairie de New York.
Le vote anticipé a commencé samedi, et le scrutin dans les bureaux aura lieu le 4 novembre.
Les loyers astronomiques et la pénurie de logements sont parmi les problèmes devenus endémiques de cette mégapole de 8,5 millions d'habitants, où une personne sur quatre n'a pas les moyens de couvrir convenablement ses besoins essentiels (nourriture, logement).
En juin, le loyer médian à New York a dépassé pour la première fois les 4.000 dollars, selon le site immobilier StreetEasy, soit plus du double de la moyenne américaine. Les loyers non-régulés ont augmenté de 5,6% au premier trimestre 2025 par rapport à 2024.
Membre de l'aile gauche des démocrates, Zohran Mamdani promet de geler les loyers des 2 millions de locataires soumis aux baux réglementés - dont les hausses sont encadrées par la ville - et de construire 200.000 logements supplémentaires au cours de la prochaine décennie.
"Nous ne pouvons pas laisser le marché décider qui a le droit de vivre dignement", martèle le candidat.
"Zohran Mamdani a compris que, tout étant devenu très cher après le Covid et l'inflation, les gens sont sous pression", explique Daniel Schlozman, professeur associé de science politique à l'université Johns Hopkins.
"Et il a su parler de ces problèmes d'une manière que son principal rival, Andrew Cuomo (ancien gouverneur lui aussi démocrate, mais qui se présente comme indépendant, ndlr), n'a pas adoptée".
Rencontré à proximité d'un rassemblement en faveur du jeune candidat, Santiago, 69 ans, brandit une pancarte réclamant "des logements abordables pour notre communauté".
"Nous sommes submergés par les coûts du logement", raconte-t-il à l'ombre du pont George Washington, qui relie la ville au New Jersey, l'Etat voisin où de nombreuses familles ont dû déménager pour trouver des loyers moins élevés.
- Epiceries municipales -
"Les locataires représentent 70% des habitants de New York, donc nous sommes la majorité", avance Lex Rountree, activiste de 27 ans pour le droit au logement, et partisane de M. Mamdani. "Si nous nous unissons, nous avons une réelle chance d'avoir un impact".
L'autre source constante de plaintes des New-Yorkais, outre les loyers, est celle du prix des denrées alimentaires.
Les coûts à l'achat des oeufs, de la viande, de la volaille et du poisson ont augmenté de 8,9% dans la ville au cours de la dernière année. Neuf New-Yorkais sur dix affirment que le prix des courses augmente plus vite que leurs revenus, selon un document de campagne de Zohran Mamdani.
S'il est élu maire, ce dernier promet de créer un réseau d'épiceries municipales, ouvert à tous.
La proposition a été critiquée par ses opposants, notamment par Andrew Cuomo, qui s'est demandé "pourquoi subventionner les achats alimentaires des riches".
Le président américain Donald Trump, féroce opposant du démocrate, le qualifie pour sa part de "communiste".
Mais un sondage de l'institut Data for Progress montre que deux tiers des New-Yorkais soutiennent la mesure.
"Il a compris que la question de l'accessibilité était absolument centrale", insiste Daniel Schlozman.
Steven Looez, barman de 41 ans, confie à l'AFP avoir envisagé de quitter New York pour une ville plus abordable.
"On se demande toujours un peu où passe notre argent", dit-il. "Ca finit par peser!"
"Mais je suis un peu gâté d'être à New York, où tout ce dont on peut avoir besoin sur le plan culturel et social est à portée de main. C'est dur de trouver un équivalent."
K.Willems--JdB