

Le Liban et la Syrie affirment ouvrir une nouvelle page dans leurs relations
Le Liban et la Syrie ont affirmé mardi ouvrir une nouvelle page dans leurs relations lors de la visite du chef de la diplomatie syrienne, auquel Beyrouth demande de faire la lumière sur les assassinats politiques dans le pays imputés au clan Assad.
Le ministre des Affaires étrangères Assaad al-Chaibani est le premier haut responsable syrien à se rendre au Liban depuis la prise du pouvoir par une coalition islamiste qui a renversé Bachar al-Assad en décembre 2024.
Sous le clan Assad, la Syrie avait exercé sa tutelle sur le Liban pendant des décennies et était accusée de l'assassinat de nombreux responsables libanais.
"Nous avons ouvert aujourd'hui une nouvelle page dans les relations entre la Syrie et le Liban", a déclaré le ministre syrien après un entretien avec le Premier ministre libanais Nawaf Salam.
Il a qualifié sa visite d'"historique", ajoutant que Damas s'engageait à "respecter la souveraineté du Liban" et le principe de "non-ingérence" dans les affaires de son voisin.
Le président libanais Joseph Aoun, qui a également reçu le ministre syrien, a affirmé que cette visite visait à "renforcer les relations entre les deux pays frères sur la base du respect mutuel et de la non-ingérence".
Les entretiens ont porté sur un règlement de la question des prisonniers syriens au Liban, sur les moyens d'encourager le retour des réfugiés et le contrôle de la frontière commune pour empêcher la contrebande.
- Progrès sur les détenus -
Le ministre syrien a indiqué que les discussions avaient "grandement progressé" sur la question des prisonniers syriens au Liban, dont Damas réclame la libération.
Un responsable judiciaire libanais qui a requis l'anonymat a indiqué à l'AFP qu'environ 2.250 Syriens étaient détenus dans les prisons surpeuplées du Liban.
Le Liban affirme être prêt à remettre à la Syrie environ 700 d'entre eux, mais qu'il est nécessaire auparavant de conclure un nouvel accord judiciaire entre les deux pays.
De son côté, le Liban demande aux nouvelles autorités syriennes des informations sur les nombreux assassinats politiques imputés à Damas, du temps de sa tutelle sur le Liban et après le départ de ses troupes en 2005, a indiqué à l'AFP le ministre libanais de la Justice Adel Nassar.
"Nous avons demandé toutes les informations dont dispose la partie syrienne sur les assassinats qui ont eu lieu au Liban", a-t-il dit, énumérant la liste des nombreuses personnalités tuées, dont l'ancien Premier ministre Rafic Hariri.
Il a affirmé que la partie syrienne avait "fait preuve de coopération" à ce sujet.
Les entretiens ont également abordé la question du retour des réfugiés syriens, dont le Liban accueille environ 1,3 million, qui ont fui la Syrie après la guerre civile déclenchée par la répression d'un soulèvement populaire contre le pouvoir Assad en 2011.
Selon l'ONU, quelque 294.000 de ces réfugiés au Liban ont regagné leur pays depuis la chute d'Assad.
M. Chaibani a affirmé que son pays étudiait actuellement "des plans avec un soutien international pour un retour digne" des réfugiés.
Il a souligné par ailleurs "la nécessité de contrôler les frontières" poreuses entre les deux pays.
Après la chute de Bachar al-Assad, les routes d'approvisionnement du Hezbollah pro-iranien, allié du pouvoir syrien déchu, ont été coupées et plusieurs tentatives de contrebande d'armes à destination du Liban ont été déjouées selon les autorités syriennes.
R.Michel--JdB