

Fusillade mortelle à Nice : l'État envoie des renforts, les politiques montent au créneau
Au lendemain d'une fusillade qui a fait vendredi soir deux morts et cinq blessés à proximité d'un point de deal du quartier des Moulins à Nice, l'État a dépêché sur place une soixantaine de CRS tandis que les élus locaux montent au créneau pour réclamer des moyens "permanents".
Outre l'annonce de ces renforts qui resteront "le temps nécessaire", la préfecture des Alpes-Maritimes a défendu son action dans ce quartier, de 8.000 habitants, enclavé et gangréné par le trafic de stupéfiants.
La fusillade qui a fait deux morts et touché cinq personnes s'est déroulée vendredi vers 21H10 lorsque des assaillants, embarqués à bord d'un véhicule Peugeot 3008, ont fait feu sur des personnes présentes à proximité d'un point de deal de la place principale des Moulins.
Parmi les blessés, figurent deux adolescents et plus aucun pronostic vital n'est engagé, a indiqué le parquet de Nice qui précise que plusieurs d'entre-eux n'ont aucun lien avec le trafic de stupéfiants.
L'une des deux victimes mortelles est un père de famille né en 1966 originaire de Tchétchénie, et l’autre, âgée d’une vingtaine d’années, étant née à Nice, selon une source proche de l'enquête.
Un véhicule pouvant correspondre à celui utilisé par les suspects a été découvert calciné sur la commune de Mougins, à 25 km de Nice, peu avant minuit. Cette voiture a été volée à Marseille le 30 septembre et roulait avec une fausse plaque, a détaillé le procureur de Nice, Damien Martinelli.
Sur place, les enquêteurs ont retrouvé "vingt-cinq douilles de calibre 7-62 mm correspondant au fusil d'assaut Kalachnikov et cinq douilles de calibre 9 mm", sans qu'il puisse être précisé si ces dernières provenaient d'une arme des suspects ou d'un tir de riposte.
- millions investis -
Face aux critiques de certains élus, le préfet Laurent Hottiaux qui s'est rendu sur les lieux de la fusillade a indiqué que 300 personnes issues des Moulins et de l'autre grand quartier prioritaire de Nice, L’Ariane, avaient été incarcérées depuis le début de l’année, dans le cadre de la lutte contre le trafic de stupéfiants.
Il a aussi assuré que deux millions d'euros sont consacrés par an aux Moulins au travers de dispositifs d'accompagnement éducatif ou d'accès aux droits et services publics, et que 75 millions d’euros ont été investis au titre du nouveau programme national de renouvellement urbain.
Le maire de Nice (Horizons) Christian Estrosi a annoncé avoir "échangé longuement" avec le ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau, lui réclamant "des renforts permanents" à Nice et dans le quartier des Moulins, a-t-il écrit sur X.
"Je suis à ses côtés pour réclamer au plus haut niveau de l’État des moyens supplémentaires pour la police et la gendarmerie mais aussi pour lutter plus fermement contre l'immigration dont on sait qu’elle nourrit le narcobanditisme", a ajouté M. Estrosi.
Dans la matinée, le député de Nice UDR-RN Éric Ciotti et candidat rival à la mairie a dénoncé "un gouvernement défaillant" et "une mairie impuissante", lors d'un point de presse devant le commissariat des Moulins.
Il a proposé de mettre en place "un plan d'actions pour reprendre les Moulins en main", avec notamment "des perquisitions systématiques" et "le passage à 1.000 euros" de l'amende forfaitaire pour usage de stupéfiants.
Après la fusillade, le parquet a ouvert une enquête pour "homicides volontaires en bande organisée et tentatives d’homicide volontaire en bande organisée". Elle a été confiée en cosaisine à la police judiciaire des Alpes-Maritimes et la direction zonale de la police nationale des Bouches-du-Rhône.
O.Meyer--JdB