

Israël dit s'attendre à la fuite d'un million d'habitants de Gaza-ville
Israël a affirmé mercredi s'attendre à ce qu'un million de Palestiniens fuient Gaza-ville, menacée d'une opération militaire d'envergure, à l'heure où des milliers d'Israéliens manifestent à Jérusalem pour la fin de la guerre et le retour des otages.
Dans la bande de Gaza, dévastée, assiégée et en proie à la famine selon l'ONU, la Défense civile locale a fait état de 45 morts mercredi dans l'offensive israélienne, lancée en riposte à l'attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël.
Le gouvernement de Benjamin Netanyahu a dit vouloir détruire le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza depuis 2007, et prendre le contrôle sécuritaire de la bande de Gaza, située à la frontière sud d'Israël.
L'armée israélienne, qui contrôle aujourd'hui environ 75% de la bande de Gaza, dit préparer une offensive pour s'emparer de Gaza-ville, qu'elle présente comme le dernier grand bastion du Hamas dans le territoire palestinien.
Un haut responsable militaire israélien a indiqué que les autorités s'attendaient à ce qu'un "million" de personnes fuient Gaza-ville dans le nord en direction du sud du territoire, où les quelque deux millions d'habitants ont été déplacés plusieurs fois par la guerre.
"Nous souhaitons identifier une zone humanitaire" qui serait comprise dans un périmètre depuis les camps du centre jusqu'à al-Mawassi (sud) et dans l'est du territoire, a-t-il ajouté. Elle sera annoncée "dans les prochains jours".
Le chef d'état-major israélien, Eyal Zamir, a rendu visite aux soldats déployés à un poste d'observation donnant sur Gaza-ville, selon un communiqué militaire. "Nous intensifions nos opérations sur le front principal", a-t-il dit.
- "700 jours" -
Brandissant des pancartes sur lesquelles est écrit, "Arrêter la guerre" et "Ne les sacrifiez pas", les manifestants sont descendus de nouveau dans la rue en soirée à Jérusalem à l'appel des familles d'otages.
"Cela fait 700 jours que j'attends que vous fassiez sortir mon enfant de l'enfer, et c'est entre vos mains. Je pourrais revoir Matan dès demain, par une seule décision de votre part", a lancé Anat Angrest, mère de Matan, un soldat retenu en otage.
"Mais au lieu de saisir l'accord sur la table pour parvenir à un accord global, vous choisissez de continuer à les sacrifier, à les abandonner", a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse en marge du rassemblement qui avait eu lieu durant la matinée.
Nira Sharabi, dont le mari Yossi, enlevé vivant mais mort en captivité, a estimé que "la pression militaire met en danger la vie des otages, qui endurent les conditions physiques et psychologiques les plus horribles. Elle compromet également la possibilité de ramener les (otages) morts".
Dans un quartier résidentiel, proche de la résidence de M. Netanyahu, des manifestants ont incendié une poubelle dans la matinée et le feu s'est propagé détruisant la voiture d'un réserviste. La police a parlé d'un "acte criminel" et le ministre de la Justice Yariv Levin a condamné un "acte de terreur".
- 45 morts à Gaza selon la Défense civile -
Dans le territoire palestinien, la Défense civile a fait état de 45 Palestiniens tués dans les bombardements israéliens.
Des images de l'AFP ont montré des Palestiniens pleurant la mort de proches dans une frappe sur un appartement à Gaza-ville, où l'armée israélienne a intensifié ses frappes resserrant l'étau sur la ville.
"Nous avons trouvé les corps de ma fille, de son mari et de leurs filles déchiquetés", a dit Oum Abd Abou al-Jubain, son petit-fils dans ses bras.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées le 7-Octobre, 47 restent retenues à Gaza dont 25 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.
La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 63.633 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.
Au moins 21.000 enfants vivent avec un handicap causé par la guerre, a indiqué un comité de l'ONU.
K.Laurent--JdB