

A Pékin, faste et patriotisme pour un défilé militaire historique
Chants patriotiques, hourras et acclamations de la foule: Pékin a baigné mercredi dans une atmosphère solennelle et fervente à l'occasion d'un gigantesque défilé militaire organisé sur la place Tiananmen.
Dès l'aube, des spectateurs soigneusement sélectionnés se sont massés sur la place pour assister à cette démonstration de force organisée pour commémorer la fin de la Seconde Guerre mondiale.
" C'est la première fois que j'assiste à un défilé militaire. C'est impressionnant d'être ici", a confié à l'AFP Jenny Wang, fonctionnaire de 24 ans.
"C'est important de commémorer la fin de cette guerre et de mieux faire connaître au monde les souffrances subies par les Chinois à cette époque".
Dans le public, des invités se sont pris en photo avec leur carton d'invitation devant l'imposante tribune officielle ornée de drapeaux rouges.
Sur la place, de grands chiffres dorés "1945" et "2025" évoquaient les 80 ans écoulés depuis la fin de la guerre.
Agitant des petits drapeaux chinois rouges et jaunes, le public a accompagné en choeur les chorales entonnant des chants patriotiques et symboles de la résistance contre le Japon.
Devant l'estrade garnie de dirigeants étrangers, des fanfares militaires ont fait résonner leurs clairons au passage de soldats défilant au pas avec une synchronisation millimétrée.
- Missile nucléaire -
Dans une image historique, le président chinois Xi Jinping a été photographié serrant la main et discutant avec les leaders russe et nord-coréen Vladimir Poutine et Kim Jong Un, avant de poser pour une photo de groupe avec les autres dignitaires étrangers invités.
Il a ensuite passé en revue les troupes au garde-à-vous sur l'avenue Chang'an ("paix éternelle" en chinois), depuis le toit ouvrant d'une limousine de fabrication chinoise.
"Camarades, merci pour vos efforts!", a-t-il lancé à plusieurs reprises devant quatre microphones, avant de rejoindre ses hôtes sur le balcon de la place Tiananmen, au-dessus du portrait géant de Mao Zedong.
La chaleur a mis à rude épreuve les spectateurs, dont certains, épuisés, ont été contraints de quitter les gradins avec l'aide du personnel.
Le président biélorusse Alexandre Loukachenko, fidèle allié de Moscou, s'était muni d'une casquette et d'un ventilateur électrique portable.
Des "oh" et des "ah" admiratifs ont parcouru la foule lorsqu'est apparu le gigantesque missile balistique intercontinental DF-5C, capable de transporter plusieurs ogives nucléaires.
La même ferveur a gagné le public lorsque des hélicoptères ont dessiné dans le ciel le chiffre "80", puis lorsque des dizaines de milliers de colombes ont été lachées dans le ciel de Pékin.
- Fierté nationale -
A distance de la place Tiananmen, dans les rues de la capitale placée sous très haute protection et décorée depuis plusieurs jours d’innombrables drapeaux chinois, un sentiment d'excitation restait palpable après la fin du défilé. Les habitants se disaient fiers de cette démonstration de puissance.
Sun Jianhua, 54 ans, a expliqué à l'AFP avoir regardé le défilé chez elle du début à la fin.
"La fierté et l'honneur que je ressens sont indescriptibles", s'est-elle extasiée.
"Nous avons fait tellement de sacrifices, nous avons payé un prix tellement lourd (pendant la guerre). Maintenant qu'il y a la paix, nous devrions tous chérir cette époque", a-t-elle dit.
D'autres habitants ont toutefois regretté que la Chine se soit "isolée" sur la scène internationale, puisque seuls 26 dirigeants de pays étrangers ont assisté à l'évènement, avec l'absence notable de tout dirigeant occidental de premier plan.
Les pays dont les leaders ont assisté au défilé "sont tous des pays pauvres, des pays actuellement harcelés par les puissances occidentales", a déclaré à l'AFP Hu Daxian, un autre résident. "S'ils se lient d'amitié avec la Chine, pour être franc, c'est aussi par manque d'alternatives", a ajouté le quinquagénaire.
De nombreux dirigeants européens et américains ne sont pas venus par "jalousie", a-t-il ajouté. "J'espère que la Chine pourra devenir amie avec d'autres pays et qu'ils ne seront plus jaloux".
K.Laurent--JdB