Macron, Merz et Tusk affichent leur "soutien déterminé" à la Moldavie face à Moscou
Une démonstration de force symbolique : Friedrich Merz, Emmanuel Macron et Donald Tusk ont apporté mercredi à Chisinau un "soutien déterminé" à la Moldavie en vue de son adhésion à l'Union européenne face aux "mensonges" et aux "ingérences" de Moscou, à la veille d'une campagne électorale cruciale.
"La porte de l'Union européenne est ouverte" à la Moldavie, a lancé le chancelier allemand aux côtés du président français, du Premier ministre polonais et de la présidente moldave, la pro-européenne Maia Sandu.
La France va "apporter un soutien déterminé à la Moldavie au cours des prochaines étapes de son parcours vers l'adhésion" à l'Union européenne, a promis pour sa part Emmanuel Macron.
Le chef de l'Etat français a évoqué une "chance historique" pour cette ex-république soviétique de 2,6 millions d'habitants frontalière de l'UE mais aussi de l'Ukraine en guerre.
La date n'a pas été choisie au hasard : les dirigeants des trois pays que les diplomates surnomment le "Triangle de Weimar" participeront dans la soirée au 34e anniversaire de l'indépendance moldave et s'adresseront à la foule réunie pour un mégaconcert dans la capitale Chisinau.
Et ce à la veille du début de la campagne officielle pour les élections législatives de fin septembre troublées, selon la Moldavie et ses alliés européens, par des "ingérences" de Moscou pour faire basculer cet Etat dans son camp.
Friedrich Merz y a fait directement référence en affirmant que, d'ores et déjà, "pas un jour ne se passe sans des attaques hybrides massives de la part de la Russie". "La démocratie moldave est sur la sellette", a-t-il accusé.
- "Signal fort" -
"Là où renaissent des velléités de venir fausser le jeu de votre démocratie, là où, nous le voyons à vos portes, les frontières sont contestées, la souveraineté des peuples bafouée", "nous venons, si je puis dire, à visage découvert, vous dire la confiance que nous avons dans l'avenir", a martelé Emmanuel Macron.
Selon lui, "la propagande du Kremlin nous explique que les Européens souhaitent prolonger la guerre et que l'Union européenne opprime les peuples". "Ce sont des mensonges", a-t-il mis en garde.
La présidente Sandu, réélue en novembre 2024, a salué la présence du trio, qui "démontre non seulement votre soutien pour la Moldavie mais aussi que le projet européen continue et que nous en faisons partie".
"Il n'y a pas d'alternative à l'Europe" pour la Moldavie à un moment où "notre indépendance, notre souveraineté et notre paix sont mises à l'épreuve peut-être plus que jamais", a-t-elle lancé.
"Cette visite est vraiment un signal fort du soutien à la Moldavie et elle adresse un message symbolique à la Russie, à savoir que les principaux pays européens se préoccupent de ce qui se passe ici", estime l'analyste politique Valeriu Pasha, du cercle de réflexion Watchdog, à Chisinau.
Pour lui, le parti Action et solidarité (PAS) de Mme Sandu devrait arriver en tête des législatives mais le résultat est difficile à prédire en raison de "l'énorme ingérence russe", alimentée par "des sommes folles d'argent", sur fond de crise économique et d'inflation élevée.
La cheffe de l'Etat pro-européenne a accusé fin juillet la Russie de mener une opération complexe et coordonnée d'ingérence "sans précédent" pour "contrôler" son pays, frontalier de l'UE, "dès l'automne". Tout cela en recourant à des mécanismes d'achat de votes et de financements avec des "cryptomonnaies", "100 millions d'euros" étant prévus à cet effet, a-t-elle alors dénoncé, pointant également du doigt la responsabilité de la plateforme Telegram.
La France met en avant sa coopération, renforcée en mars à l'occasion de la dernière visite qu'y a effectuée Maia Sandu, pour lutter contre les ingérences numériques, via l'agence française Viginium.
Si le trio européen assure vouloir se concentrer sur le soutien à la Moldavie, le déplacement ensemble de ces dirigeants se déroule à un moment où la diplomatie tâtonne sur le dossier ukrainien.
Deux semaines après le sommet entre Donald Trump et Vladimir Poutine, l'accélération subite vers de possibles négociations de paix semble déjà marquer le pas et le sujet sera forcément évoqué en marge des séquences officielles à Chisinau.
P.Renard--JdB