

Français, soignez votre sommeil, demande le ministère de la Santé
Des siestes, et surtout de bonnes nuits : les Français ont besoin de restaurer leurs capacités de sommeil, dont la dégradation alarme médecins et pouvoirs publics.
"Des études ont montré que le sommeil des Français avait diminué d'1h30 en 50 ans et que 50% quasiment des Français se plaignent d'avoir un sommeil de mauvaise qualité", a expliqué mardi le ministre de la Santé Yannick Neuder, en présentant une nouvelle "feuille de route interministérielle pour un sommeil de qualité".
"Et on sait qu'un sommeil de mauvaise qualité a des impacts pour la santé, que ce soit en santé mentale - plus de stress, de dépression ...- ou en santé organique, avec plus d'obésité, de diabète, de maladie cardio-vasculaire", a-t-il indiqué.
La feuille de route prévoit de renforcer les efforts de sensibilisation pour un bon sommeil dans la communication grand public, notamment via le site mangerbouger.fr, ou l'application de santé psychique Jardin Mental, développée par le ministère de la Santé.
Elle prévoit aussi d'accroître la sensibilisation auprès des professionnels de l'enfance et du monde du travail, et d'améliorer le repérage des troubles du sommeil dans la population en formant et outillant mieux les professionnels.
La sieste fait partie des objectifs, avec le développement du label "Quiet", qui permet de signaler des lieux (établissements scolaires, bibliothèques, entreprise, commerce, restaurant...) "favorisant le bien-être, le délassement, voire la sieste", et un nouveau texte à venir de cadrage sur l'organisation des siestes à l'école maternelle.
Pour le monde du travail, "il n'y aura pas de recommandation proprement dite du ministère de la Santé vis-à-vis des employeurs", a indiqué Yannick Neuder, qui s'est déclaré d'une manière générale "très favorable" au repos post-prandial.
"Mais on peut dire que dans la mesure du possible", il est souhaitable "d'aménager comme beaucoup d'entreprises le font déjà spontanément des espaces de pause, des espaces calmes qui permettent aux salariés de faire des micro-siestes", a-t-il déclaré.
"Il ne s'agit pas d'imposer des mesures qui seraient irréalisables dans certaines entreprises, mais je crois que dans le cadre de la RSE (responsabilité sociétale des entreprises), du bien-être au travail, beaucoup d'entreprises ont déjà réfléchi à ces questions-là et le proposent", a-t-il encore indiqué.
- Le sommeil nocturne essentiel -
La sieste n'est de toute façon pas la panacée : elle permet de lutter contre la somnolence ou de restaurer les capacités d'attention ou de concentration, mais pas de récupérer un déficit de sommeil nocturne, expliquent les spécialistes.
"En santé mentale ou en santé cardio-vasculaire, on a montré que la sieste le week-end, quand on est trop privé de sommeil, est un +moindre mal+, qui permet de régénérer son organisme et d'être en meilleur santé", selon Pierre-Alexis Geoffroy, psychiatre et spécialiste du sommeil.
D'une manière générale, pour tous les spécialistes du sommeil rassemblés mardi au ministère, c'est le sommeil nocturne qui est essentiel pour l'être humain, avec des exigences de durée, de qualité, et de régularité - car la grasse matinée ne permet pas de récupérer un déficit de sommeil nocturne.
Pour les adolescents, dont il est estimé que 50% dorment "beaucoup moins" que les 9 heures recommandées, "il a été démontré qu'une période d'insomnie de deux semaines dans l'année représente un risque multiplié par 3 de développer un trouble psychiatrique dans l'année d'après", a indiqué le professeur Carmen Schröder, pédo-psychiatre spécialiste du sommeil.
"La dette de sommeil" liée à l'apnée du sommeil "est un facteur majeur de l'épidémie d'obésité", a indiqué le professeur Renaud Tamisier, directeur du centre d'exploration du sommeil au CHU Grenoble Alpes.
La combinaison "d'un coucher trop tardif ou précoce, associé à discontinuité du sommeil ou à des durées de sommeil insuffisantes vont être des déterminants majeurs de santé sur le plan cardio-vasculaire", a souligné de son côté le docteur Sébastien Baillieul, spécialiste du sommeil au CHU de Grenoble.
P.Claes--JdB