Journal De Bruxelles - Jours fériés travaillés: de quoi parle-t-on?

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Jours fériés travaillés: de quoi parle-t-on?
Jours fériés travaillés: de quoi parle-t-on? / Photo: Thomas SAMSON - AFP

Jours fériés travaillés: de quoi parle-t-on?

Mesure choc du plan du Premier ministre François Bayrou pour redresser les finances du pays, la suppression de deux jours fériés est déjà vivement critiquée. De quoi parle-t-on? Comment la mesure est-elle accueillie? Est-ce un leurre?

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- Que propose le gouvernement? -

Plaidant qu'"il faut travailler plus", le Premier ministre a proposé mardi la suppression de deux jours fériés, citant "comme exemple" le "lundi de Pâques" et le "8-Mai", une mesure qui doit dégager "4,2 milliards" d'euros, selon Matignon.

La ministre chargée des Comptes publics Amélie de Montchalin a estimé mercredi à la sortie du Conseil des ministres que "c'est générateur de croissance" et que "deux jours sur 365, ça revient à peu près à 0,5% d'activité en plus".

Ces deux journées, qui ramèneraient à neuf le nombre de jours fériés en France, s'ajouteraient à la conversion depuis 2004 du lundi de Pentecôte en "journée de solidarité". Travaillée mais pas payée, elle est assortie d'un prélèvement correspondant à 0,3% de la masse salariale annuelle pour financer une meilleure prise en charge des personnes âgées ou handicapées. Les employeurs peuvent toutefois offrir cette journée à leurs salariés.

- Quelle différence avec la Pentecôte? -

Selon le Premier ministre, la suppression de deux jours fériés "n'est pas du tout la même chose" qu'"une journée de solidarité dont on ne vérifierait pas vraiment si elle est accomplie ou pas, et qui se traduirait uniquement par des prélèvements sur les entreprises".

Mais les entreprises seront néanmoins mises à contribution, a expliqué mercredi la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet sur TF1. En contrepartie "de la production créée par cette journée de travail, les entreprises devront s'acquitter d'une contribution", a-t-elle déclaré.

Son entourage a ensuite indiqué que les "modalités sont à définir" et qu'il ne s'agira pas nécessairement d'une contribution à hauteur de 0,3%.

- Quel accueil? -

Selon un sondage Elabe pour BFMTV, la mesure est massivement rejetée avec 75% des personnes interrogées qui y sont opposées.

"Braquage", "provocation", "brutal"... Les oppositions à gauche, comme au RN ont réservé un accueil plus que défavorable à cette idée.

Même hostilité farouche dans les rangs syndicaux. C'est "inacceptable", a tranché la CFDT, tandis que pour Thomas Vacheron (CGT) sur franceinfo "ils nous volent des jours de congé".

"Ce n'est même pas efficace économiquement", a aussi fustigé sur BFMTV Cyril Chabanier (CFTC), en notant que "le lundi de Pâques est l'une des journées où il y a le plus grand taux de consommation dans notre pays", pointant les "pertes en TVA" à mettre en balance des potentiels gains.

Le Groupement des Hôtelleries et Restaurations de France (GHR), l'une des principales organisations patronales du secteur de l'hôtellerie restauration représentant 15.000 établissements, a aussi vivement critiqué la mesure "qui touche de plein fouet un secteur qui travaille précisément ces jours".

L'hypothèse du 8-Mai, qui célèbre la fin de la Seconde Guerre mondiale, a en outre soulevé une levée de boucliers. Y voyant une "infamie", le PCF a lancé une pétition "ne touchez pas au 8 Mai!".

- Un leurre? -

Mais certains s'interrogent sur la pérennité de ces annonces par un gouvernement déjà menacé de censure à l'automne.

"C'est un chiffon rouge qu'on agite", a ainsi affirmé sur LCI la cheffe des écologistes Marine Tondelier, en estimant que "c'est un peu l'arbre qui cache la forêt" des autres mesures budgétaires. "À la rentrée, quand on discutera de la censure, M. Bayrou pourra héroïquement lâcher", a-t-elle ironisé.

"Une fois le contrefeu des deux jours fériés éteint (parce que ce n'est qu’un leurre et qu’il sera lâché), c’est sur le diable des détails qu’il faut se pencher", a aussi estimé le député LR Julien Dive, appelant sur X le gouvernement à "revoir la copie".

"Cette mesure-là manifestement, il la met sur la table en pensant que tout le monde va réagir de manière extrêmement dure. Je ne voudrais pas que ça devienne le grain à moudre pour faire passer le reste", a fait valoir le président LFI de la commission des Finances Éric Coquerel sur BFMTV.

W.Lievens--JdB