

Coup de frein supplémentaire sur les dépenses de 2025, alors que la dette continue à croître
Le gouvernement a annoncé jeudi un coup de frein supplémentaire de cinq milliards d'euros sur les dépenses publiques "dès cet été", pour tenir l'objectif d'un déficit public de 5,4% cette année, tandis que l'Insee a annoncé que la dette continuait de croître, représentant 3.345,8 milliards d'euros à fin mars, soit 114% du PIB.
Outre le 1,7 milliard d'euros d'économies sur les dépenses sociales annoncées dès mercredi par la ministre du Travail et de la Santé Catherine Vautrin, 3 milliards d'euros de crédits prévus pour l’État "ne seront pas engagés cette année", et "une mise en réserve complémentaire sera notifiée dans les prochaines semaines", a indiqué le gouvernement dans un communiqué.
Ces chiffres ont été présentés dans la matinée lors du deuxième comité d'alerte sur les finances publiques depuis le 15 avril, réuni à Bercy.
L'exercice "de transparence", selon la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, consiste à tenir régulièrement au courant de l'évolution des comptes les différentes parties prenantes à la dépense publique : parlementaires, représentants des élus locaux, de la Sécurité sociale et de l’État, ainsi que les partenaires sociaux.
Le gouvernement avait déjà annoncé en avril un effort supplémentaire de réduction de la dépense de 5 milliards d'euros pour contenir le déficit public (solde des comptes de l’État, de la Sécu et des collectivités locales) à 5,4% du produit intérieur brut en 2025, après 5,8% l'an dernier, dans un contexte de croissance économique faible.
Bercy prévoit encore celle-ci à 0,7% pour cette année, mais l'Insee et la Banque de France anticipent 0,6%.
"La mise en œuvre de ces nouvelles mesures fera l’objet d’un suivi renforcé", prévient le communiqué.
- "Pistes étudiées sans tabou" -
Pour l'an prochain, le gouvernement espère réduire encore le déficit public, à 4,6%, et va devoir trouver pour cela 40 milliards d'euros.
Tout en tentant d'éviter une censure à l'automne au Parlement, si la gauche ou le RN jugent les mesures choisies trop rudes pour les Français, qu'il s'agisse du budget de l’État ou de celui de la Sécurité sociale. C'est sur ce dernier que le gouvernement Barnier était tombé en décembre.
Le Premier ministre François Bayrou a promis de présenter une première feuille de route budgétaire pour 2026 mi-juillet.
"Vu la situation budgétaire calamiteuse, le budget de 2026 implique des mesures d'austérité impopulaires, rendant son adoption aussi difficile, sinon plus, que celui de 2025", commente Bruno Cavalier, économiste en chef d'Oddo BHF, dans une note.
"Toutes les pistes sont étudiées, sans tabou", a affirmé la porte-parole du gouvernement Sophie Primas, mercredi sur franceinfo, y compris celle d'une "année blanche" — la reconduction des dépenses au même niveau qu'en 2025, sans tenir compte de l'inflation.
- Discussions "difficiles" -
Le communiqué de jeudi justifie le nouvel effort sur les dépenses de l’État cette année par "des risques de dépassement qui demeurent pour certains ministères", et celui sur la Sécurité sociale par la dynamique des indemnités journalières d'arrêts maladie et les dépenses des hôpitaux notamment.
Quant aux collectivités locales, sur lesquelles le gouvernement n'a pas beaucoup de prise, leurs dépenses "progressent légèrement plus vite que la prévision", notamment celles des communes.
Dimanche, Amélie de Montchalin avait reconnu des discussions "difficiles" avec les ministères.
A une situation française tendue s'ajoute la forte incertitude internationale liée notamment à la hausse des droits de douane américains et aux tensions au Proche et Moyen-Orient.
Selon les chiffres publiés jeudi matin par l'Insee, la dette publique a augmenté de 40,5 milliards d'euros au premier trimestre et la charge annuelle de ses remboursements menace de dépasser l’Éducation comme premier poste des dépenses de l’État.
La France porte ainsi la troisième dette de la zone euro — en pourcentage du PIB — après celles de la Grèce et de l'Italie.
Alors qu'elle ne représentait que 57,8% du PIB fin 1995, elle a gonflé ces dernières années, alimentée par les mesures prises durant les crises financière, sanitaire et inflationniste successives.
K.Willems--JdB