

La Chine reçoit les ministres iranien et russe de la Défense sur fond de "bouleversements"
La Chine a accueilli jeudi plusieurs ministres de la Défense, dont celui de l'Iran et de la Russie, quelques jours après l'arrêt des combats entre Téhéran et l'armée israélienne et en pleine instabilité au Moyen-Orient.
Cette réunion ministérielle de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), qui se déroule à Qingdao (est de la Chine), intervient également au lendemain d'un sommet de l'Otan, dont les membres ont décidé d'augmenter leurs dépenses militaires.
L'OCS regroupe 10 pays dont la Chine, la Russie, l'Iran, l'Inde et le Pakistan. Elle entend faire contrepoids aux organisations occidentales et renforcer la coopération en matière de politique, de sécurité ou encore de commerce.
La Chine, dont les liens avec la Russie sont scrutés de près, se présente comme partie neutre dans la guerre en Ukraine. Elle n'a jamais condamné la Russie, son proche partenaire.
Plusieurs gouvernements alliés de Kiev estiment par ailleurs que le géant asiatique apporte à Moscou un soutien économique et diplomatique qui lui permet de poursuivre son opération militaire.
S'adressant à ses homologues réunis à Qingdao, le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, a dressé jeudi le tableau sombre d'un monde confronté à "l'aggravation des tensions géopolitiques" et à une "augmentation menaçante du potentiel conflictuel".
"La situation militaire et politique actuelle dans le monde reste difficile et a une tendance à se détériorer", a-t-il souligné, selon un communiqué de son ministère.
La réunion, associant les ministres assis autour d'une grande table ronde, dont le représentant iranien Aziz Nasirzadeh, a duré environ deux heures.
- "Chaos" -
En tenue militaire, le ministre chinois de la Défense, Dong Jun, a présenté jeudi la réunion de Qingdao comme un contrepoids face à un monde "marqué par des bouleversements et des changements".
Dans ce contexte, "il est d'autant plus nécessaire que l'Organisation de coopération de Shanghai joue pleinement son rôle d'ancre de stabilité", a-t-il déclaré en ouverture de la session, selon son ministère.
"Les actes hégémoniques, dominateurs et d'intimidation portent gravement atteinte à l'ordre international", avait-il affirmé la veille en accueillant certains des ministres étrangers, selon l'agence de presse Chine nouvelle. Il avait par ailleurs appelé ses homologues à "agir avec plus de vigueur afin de sauvegarder collectivement l'environnement propice au développement pacifique".
Aucun ordre du jour n'a été publié, mais les récents affrontements entre d'un côté l'Iran, et de l'autre côté Israël associé aux États-Unis, figuraient probablement à l'ordre du jour.
- Soutien à l'Iran? -
La Chine s'est gardée de soutenir l'Iran, un pays partenaire, autrement que par la voie diplomatique. Une position qui illustre sa marge de manœuvre limitée au Moyen-Orient et sa volonté de ne pas détériorer ses relations avec Washington.
"Le soutien public de la Chine à l'Iran se manifestera par des paroles plutôt que par des actes", explique à l'AFP James Char, spécialiste de l'armée chinoise à l'Université technologique de Nanyang, à Singapour.
"Hormis une condamnation des frappes américaines contre l'Iran, Pékin devrait continuer à avancer prudemment sur les questions de sécurité au Moyen-Orient, et n'a aucun intérêt à être entraîné dans les défis sécuritaires de la région", ajoute-t-il.
Le ministre iranien de la Défense pourrait "évoquer avec la Chine la fourniture d'armes, mais je doute que Pékin accepte", estime également Andrea Ghiselli, expert de la politique étrangère chinoise et professeur à l'Université d'Exeter (Royaume-Uni).
"Un tel geste serait perçu comme une provocation par Israël (...) et surtout par les États-Unis, avec lesquels la Chine tente actuellement de stabiliser ses relations", souligne-t-il.
Le ministre indien de la Défense, Rajnath Singh, également présent à Qingdao, a déclaré que les membres de l'OCS devraient "aspirer collectivement à réaliser les souhaits et les attentes des populations, et s'attaquer aux défis d'aujourd'hui".
"Le monde dans lequel nous vivons subit une transformation drastique. La mondialisation, qui nous a autrefois rapprochés, perd de son élan", a-t-il affirmé via son cabinet sur le réseau social X.
I.Servais--JdB