

Turquie: le maire d'Istanbul devant la justice pour des critiques contre un procureur
Le maire d'opposition d'Istanbul Ekrem Imamoglu, incarcéré depuis fin mars pour "corruption", a comparu lundi devant un tribunal d'Istanbul, accusé d'avoir tenté d'intimider le procureur général de la ville.
L'édile déchu, principal opposant au président Recep Tayyip Erdogan, a été conduit dans la salle d'audience encadré de gendarmes, accueilli par des applaudissements et des témoignages de soutien de proches, ont rapporté des médias turcs.
L'opposant avait déjà comparu en avril devant le même tribunal, situé à l'intérieur de la prison stambouliote de Silivri où il est détenu, dans cette affaire distincte de celles ayant mené à son arrestation.
M. Imamoglu, qui avait questionné publiquement en janvier la probité du procureur général d'Istanbul, est accusé d'insulte et tentative d'intimidation.
"Il ne s'agit pas d'un procès mais d'une punition (...) Mais sachez que vous ne pouvez pas m'effacer du cœur des gens", a lancé le maire déchu lundi à la barre, selon des propos rapportés par des médias turcs.
"Je suis ici parce que je suis candidat à la présidentielle", a ajouté M. Imamoglu, dont le procès a été ajourné au 16 juillet.
Selon la presse turque, M. Imamoglu, figure du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), principale force d'opposition, risque jusqu'à sept ans et neuf mois de prison et une peine d'inéligibilité.
Le procureur général d'Istanbul Akin Gürlek, ancien vice-ministre de la Justice, est accusé par ses détracteurs de multiplier les poursuites contre les opposants au président Erdogan.
M. Imamoglu a été arrêté le 19 mars à l'aube à son domicile pour des soupçons de "corruption" et de "terrorisme". Cette première accusation avait débouché sur son placement en détention provisoire.
L'arrestation de M. Imamoglu, élu en 2019 et réélu en 2024 à la tête de la plus grande ville de Turquie, avait déclenché une vague de contestation inédite dans le pays depuis 2013.
E.Goossens--JdB