Journal De Bruxelles - Harvard remet ses diplômes sous la menace des sanctions de Trump

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Harvard remet ses diplômes sous la menace des sanctions de Trump
Harvard remet ses diplômes sous la menace des sanctions de Trump / Photo: Rick Friedman - AFP

Harvard remet ses diplômes sous la menace des sanctions de Trump

Harvard remet jeudi ses diplômes, une cérémonie annuelle très américaine en pleine bataille judiciaire avec le gouvernement de Donald Trump qui a multiplié les mesures contre l'une des universités les plus prestigieuses au monde.

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Traditionnellement marquée par des discours émouvants d'étudiants portant toge et toque à Cambridge, dans l'agglomération de Boston (nord-est), la cérémonie survient au moment où le président américain exerce une pression sans précédent sur la plus ancienne université des Etats-Unis.

Donald Trump veut lui interdire d'accueillir des étudiants étrangers, a supprimé ses contrats avec le gouvernement fédéral, réduit ses subventions de plusieurs milliards de dollars et remis en cause son statut d'établissement exonéré d'impôts.

Le président de Harvard Alan Garber a soulevé une tempête d'applaudissements en mentionnant dans son discours jeudi la présence à la cérémonie des étudiants étrangers avec leurs familles "comme il se doit", sans évoquer directement la bataille judiciaire avec l'administration Trump.

"Poursuivre joyeusement les processions et les célébrations est en soi un acte de résistance", déclare à l'AFP Madeleine Riskin-Kutz, une étudiante franco-américaine.

Au même moment, une juge fédérale de Boston tient une audience sur l'exclusion de Harvard du système d'accueil des étudiants étrangers. Cette juge a déjà suspendu la semaine dernière la décision en ce sens du gouvernement. Quelque 27% des étudiants de Harvard viennent de l'étranger, une importante source de revenus et un facteur de rayonnement international pour l'établissement.

 

"Un nombre incalculable d'étudiants étrangers se sont renseignés sur la possibilité d'un transfert vers une autre institution", a ajouté Mme Martin, dans des documents judiciaires.

- "Représailles" -

L'institution de l'Ivy League, le club fermé des grandes universités américaines, s'est attiré les foudres de Donald Trump en prenant la tête de la résistance à sa volonté de contrôler les recrutements, le contenu des programmes ou encore les orientations des universités dans le domaine de la recherche.

Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, le président s'est lancé dans une vaste campagne contre des universités qu'il accuse de propager une idéologie "woke".

Il leur reproche notamment leurs politiques de promotion de la diversité ou encore d'avoir laissé proliférer des manifestations contre la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza, qu'il assimile à de "l'antisémitisme".

"Harvard manque beaucoup de respect à notre pays et ne fait que s'enfoncer de plus en plus", a déclaré Donald Trump mercredi.

A contrario, l'université Columbia a fait des concessions importantes à l'administration, espérant récupérer les 400 millions de dollars de subventions fédérales qui lui avaient été retirées.

Ancienne juge spécialisée dans l'immigration, Patricia Sheppard a manifesté mercredi devant Harvard, vêtue d'une robe noire de magistrate et brandissant une pancarte: "Pour l'Etat de droit".

"Il n'est pas normal qu'un président s'engage dans certaines actions à titre de représailles", a-t-elle dit à l'AFP.

"Parfois, ils n'aiment pas ce que nous représentons", avait pour sa part estimé mardi Alan Garber sur la radio NPR, en référence à l'administration Trump, bien décidée à promouvoir son idéologie conservatrice.

Il a reconnu des problèmes d'antisémitisme à Harvard. Mais "ce qui laisse perplexe, c'est que les mesures qu'ils ont prises pour résoudre ces problèmes ne touchent même pas les personnes qui en sont selon eux à l'origine", avait affirmé le président de l'université.

La star du basket-ball et militant des droits humains Kareem Abdul-Jabbar s'est adressée à la promotion 2025 à l'occasion de la journée des étudiants mercredi, comparant le combat d'Alan Garber à celui de Rosa Parks, icône de la lutte pour les droits civiques contre la ségrégation raciale.

S.Lambert--JdB