

Défilé du 9-mai à Moscou: Poutine, Steven Seagal et des "hourras!" par milliers
Vladimir Poutine devise avec Xi Jinping, tandis que Steven Seagal observe les chars dont le vacarme des chenilles couvre les "hourras!" des soldats: sur les pavés de la place Rouge, la Russie a exposé vendredi son armement et ses invités, en plein conflit en Ukraine.
"Nous sommes fiers!", "La victoire sera à nous!": les immenses affiches et banderoles installées dans le coeur de Moscou font un parallèle implicite entre la victoire sur l'Allemagne nazie en 1945 et l'offensive lancée en Ukraine en février 2022, qui a tué des dizaines de milliers de soldats et civils des deux côtés.
Car le 9-Mai, date en Russie de la capitulation allemande, est l'objet d'un culte célébré par des commémorations et démonstrations de force à travers tout le pays. A plus forte raison lorsqu'il s'agit de son 80e anniversaire.
L'occasion pour Vladimir Poutine d'exhiber, entre le musée historique d'Etat de Moscou et la cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux, des chars T-90, des missiles Iskander ou encore - et c'est une première - des drones, autant d'armes utilisées chaque jour pour frapper l'Ukraine, où Moscou assure combattre des "néo-nazis".
Un déploiement d'armes plus conséquent que lors des parades de mai 2023 et 2024, lorsque les forces russes étaient dans une situation plus difficile sur le front.
-"Cher ami" Xi-
En prélude à la parade militaire, Vladimir Poutine livre un court discours. "L'ensemble du pays, la société, le peuple soutiennent les participants à l'opération militaire spéciale" en Ukraine, déclare-t-il.
Les soldats lancent des "hourras! hourras! hourras!" et ouvrent le défilé. Des milliers de militaires traversent en rangs la place Rouge.
Dans la tribune présidentielle, M. Poutine couve du regard ses invités et parle à Xi Jinping, son homologue chinois et "cher ami", ainsi qu'il l'a désigné jeudi.
Outre M. Xi, une vingtaine de dirigeants étrangers ont fait le déplacement jusqu'à Moscou, comme le Brésilien Lula et l'Egyptien Abdel Fattah al-Sissi.
Certains de ces dirigeants sont sous sanctions américaines et/ou européennes, comme le Vénézuélien Nicolas Maduro, le Cubain Miguel Diaz-Canel ou le président du Bélarus, Alexandre Loukachenko.
Le Premier ministre slovaque Robert Fico a, lui, fait fi de la stratégie d'isolement de Moscou prônée par les Occidentaux et a été reçu après le défilé au Kremlin par Vladimir Poutine.
-Motards et snipers-
Dans la tribune des invités, fuse un "Oh! T'as vu les cadets de la Marine?", lancé par une jeune femme à son amie dans un allemand teinté d'accent souabe, caractéristique du sud de l'Allemagne.
Des motards du club des "Loups de la nuit", fidèles du Kremlin, arborent tatouages et abondante crinière au vent... non loin de Steven Seagal, ardent défenseur de Vladimir Poutine et ex-gloire américaine de films de castagne, endimanché en mini-catogan et manteau noir.
Et lorsque le speaker annonce de sa voix de stentor le passage de soldats chinois, un invité venu de Pékin se lève pour applaudir et filmer avec son téléphone.
Sur le toit de l'emblématique magasin de luxe GOUM, des snipers au visage masqué surveillent l'assistance. Tout comme l'interruption de l'internet mobile, ils font partie des "mesures nécessaires" qu'a décrétées Moscou pour assurer la sécurité des célébrations.
Car, en début de semaine, la Russie et sa capitale ont été la cible de multiples attaques de drones ukrainiens qui ont fortement perturbé le fonctionnement d'aéroports dans l'ouest du pays.
D.Verheyen--JdB