

Royaume-Uni: six Bulgares coupables d'espionnage au profit de Moscou dans l'attente de leur peine
Six Bulgares, quatre hommes et deux femmes membres d'un réseau d'espions surnommé "Les Minions", comparaissent à partir de mercredi devant la justice londonienne et risquent plusieurs années de prison pour espionnage au profit de la Russie.
Vanya Gaberova, 30 ans, Katrin Ivanova, 33 ans, Tihomir Ivanov Ivanchev, 39 ans, Orlin Roussev, 47 ans, Biser Dzhambazov, 43, et Ivan Stoyanov, 34 ans, encourent jusqu'à 14 années de prison et connaîtront leur peine à l'issue de plusieurs jours d'audience devant la Cour criminelle de l'Old Bailey à Londres.
Entre 2020 et 2023, ils ont mené des opérations d'espionnage au Royaume-Uni, en Autriche, en Espagne, en Allemagne et au Monténégro, visant en particulier des dissidents du Kremlin et des journalistes.
L'un des membres avait surnommé le groupe "Les Minions": à l'image des petits personnages jaunes de la série d'animation qui travaillent pour le méchant Gru, eux ont mené leurs opérations au profit du GRU, le service de renseignement militaire russe.
Les trois premiers accusés, qui avaient contesté les charges retenues contre eux, ont été jugés coupables début mars à l'issue d'un procès de plusieurs semaines, tandis que les trois autres ont reconnu les faits.
Durant son enquête, la police a pu reconstituer six opérations, grâce à l'analyse de plus de 100.000 messages retrouvés sur la plateforme Telegram utilisée par Orlin Roussev, qui dirigeait les opérations du groupe depuis son domicile de Great Yarmouth (est de l'Angleterre).
Il prenait notamment ses consignes de l'Autrichien Jan Marsalek, ancien directeur des opérations du fleuron déchu de la finance numérique Wirecard.
Depuis sa fuite d'Allemagne en 2020 où il est recherché par la justice, Jan Marsalek se trouverait à Moscou sous une fausse identité, protégé par les services de renseignement russes, selon une investigation journalistique internationale parue en 2022.
- "Echelle industrielle" -
Orlin Roussev avait ainsi reçu plus de 200.000 euros pour financer ses activités. Après l'arrestation du groupe en février 2023, les enquêteurs ont retrouvé chez lui de nombreux équipements d'espionnage, comme des micros et caméras cachés dans une cravate, une pierre, une peluche ou une bouteille de soda, des logiciels, ou encore un kit de fabrication de faux passeports.
Le groupe a notamment visé le journaliste d'investigation bulgare Christo Grozev, qui a enquêté sur le renseignement russe. Ainsi que Roman Dobrokhotov, un journaliste russe et dissident basé au Royaume-Uni, fondateur du site The Insider.
Ils ont aussi ciblé Bergey Ryskaliev, un ancien homme politique kazakh ayant obtenu le statut de réfugié au Royaume-Uni.
Ils ont également surveillé la base militaire américaine de Patch Barracks à Stuttgart, en Allemagne, pensant que des soldats ukrainiens y étaient formés à l'utilisation du système de défense aérienne Patriot.
Le groupe pratiquait "l'espionnage pour la Russie à l'échelle industrielle", a déclaré le commandant en chef de l'unité antiterroriste de la Metropolitan Police Dominic Murphy à l'issue du procès, ajoutant qu'il n'avait jamais vu cela en plus de 20 ans de carrière.
Le ministre britannique à la Sécurité Dan Jarvis a affirmé que ce procès envoyait "un avertissement clair à ceux qui souhaitent nuire au Royaume-Uni".
Les relations entre Londres et Moscou sont particulièrement tendues depuis l'invasion de la Russie contre l'Ukraine, en février 2022. Les deux pays s'accusent régulièrement d'espionnage, ce qui se traduit par de fréquentes expulsions croisées de diplomates.
Au Royaume-Uni, la justice a été saisie de plusieurs affaires d'espionnage présumé impliquant Moscou.
Un homme de 64 ans, Howard Michael Phillips, accusé d'assistance envers le service de renseignement russe, doit notamment être jugé en juillet.
H.Raes--JdB