

Pesticides: point d'étape, un an après l'adoption d'une nouvelle stratégie contestée
Un an après l'entrée en vigueur de la nouvelle stratégie de réduction des pesticides, Ecophyto 2030, le gouvernement défend son bilan et sa méthode, toujours décriés par des associations environnementales.
Le Comité d'orientation stratégique et de suivi (COS), instance de gouvernance de la stratégie Ecophyto 2030, qui regroupe l'ensemble des parties prenantes - représentants de l'Etat, agriculteurs, industriels, chercheurs, élus et associations - se réunit mardi matin en plénière.
A l'occasion de ce comité, réintégré par les ONG environnementales qui en avaient claqué la porte l'an dernier, le gouvernement réaffirme d'abord l'orientation de sa stratégie: "ne laisser aucun agriculteur sans solution", notamment en favorisant la recherche "d'alternatives non-chimiques permettant de réduire les risques et les impacts en matière de santé et d'environnement", selon un document publié mardi.
Pour cela, le gouvernement rappelle avoir engagé "143 millions d'euros en 2024" pour le Parsada, le plan de recherche d'alternatives pour anticiper le retrait de molécules au niveau européen, avec des plans d'actions spécifiques contre le mildiou de la vigne, la cercosporiose de la banane ou les mauvaises herbes des grandes cultures.
- "Absence d'ambition" -
Ce plan décline des "chantiers prioritaires" pour l'année à venir: outre le Parsada, il compte notamment une feuille de route, annoncée fin mars, pour une "protection renforcée des captages d'eau", régulièrement fermés pour cause de pollution. Depuis 1980, un tiers des captages fermés l'ont été à cause de la dégradation de la qualité de l'eau, dont la moitié du fait de la présence de pesticides et nitrates.
Un "portail national d'information" sera aussi créé "sur l'exposition des riverains aux produits phytopharmaceutiques qui coordonnera les dispositifs déployés au niveau régional".
La France a adopté le plan Ecophyto en 2008, avec l'objectif, jamais atteint, de réduire de moitié l'usage des pesticides en dix ans. La nouvelle mouture de ce plan renouvelle cet objectif mais avec un nouvel indicateur, le HRI1 européen, et une nouvelle période de référence (2011-2013).
Un positionnement "incohérent" pour des organisations de défense de l'environnement comme la Fondation pour la nature et l'homme ou Générations Futures. Cette dernière souligne les "contradictions" d'une politique qui "prétend défendre un objectif de réduction des pesticides tout en soutenant une proposition de loi qui vise à réintroduire les néonicotinoïdes en France", selon son porte-parole François Veillerette.
Ce texte "anti-contraintes", porté par la droite sénatoriale et auquel la ministre de l'Agriculture Annie Genevard ne s'est pas opposée, est actuellement examiné en commission à l'Assemblée.
C'est avant tout l'adoption d'un nouvel indicateur, annoncé début 2024 en pleine crise agricole par le Premier ministre d'alors Gabriel Attal, qui avait conduit plusieurs associations à quitter le COS. Elles dénonçaient un "abandon de l'objectif" d'Ecophyto servi par "un changement de thermomètre".
Car avec cet indicateur européen HRI1, la marche est en effet moins haute pour atteindre l'objectif de baisse. La France, "sans aucun effort supplémentaire", se rapproche déjà de l'objectif - avec une diminution de 36% par rapport à la période de référence -, alors que la baisse est très faible selon l'ancien indicateur de référence, le Nodu, relève l'ONG.
A l'issue de la réunion, Générations Futures a dénoncé une "absence d'ambition pour sortiR notre agriculture de sa dépendance aux pesticides".
- "Rupture forte" -
Face aux critiques visant l'indicateur HRI1, en juin dernier, le gouvernement avait saisi l'Institut national de recherche Inrae pour proposer des pistes d'amélioration de cet indice. L'institut a présenté ses premières recommandations lors du COS de mardi.
La première piste propose une "évolution a minima pour éviter les principaux biais de cet indicateur", notamment en modifiant les coefficients de pondération des différents groupes de produits, dans un rapport consulté par l'AFP.
Le seconde, "respectant le mieux le cahier des charges proposé, est basée sur une logique de rupture forte" et consiste à "construire un indicateur de risques agrégé en mobilisant les connaissances scientifiques sur l'écotoxicité de chacune des substances actives".
Le risque pour le vivant constitué par les pesticides serait ainsi calculé spécifiquement pour les mammifères terrestre, les poissons ou les abeilles.
F.Dubois--JdB