Le groupe de mode IKKS trouve repreneur mais perd 500 emplois
Énième symbole de la crise du prêt-à-porter français, le groupe IKKS a trouvé repreneur mais voit ses effectifs réduits de moitié, avec la perte d'environ 500 emplois, selon une décision vendredi du tribunal des activités économiques de Paris.
Maintien de 546 emplois sur les 1.094 en France et de 119 points de vente: voilà ce que permet l'offre de Santiago Cucci, actuel président de la holding HoldIKKS, et Michaël Benabou, cofondateur de Veepee (ex-Vente privée), validée par le tribunal, selon un jugement consulté par l'AFP.
C'est un "coup sur l'emploi terrible" mais le choix de la "meilleure" offre parmi celles déposées, selon Sébastien Hervé, secrétaire général du syndicat CFDT dans le Maine-et-Loire, où se trouve le siège d'IKKS, marque haut de gamme pour femmes, hommes et enfants fondée en 1987.
Le prix de cession est de 700.000 euros et les repreneurs s'engagent à un apport à court terme de 16 millions d'euros. S'y ajoute 700.000 euros d'abondement au plan de sauvegarde de l'emploi pour les salariés non repris, pour notamment des aides à la création d'entreprises ou à la mobilité.
Plombé par la concurrence de la seconde main et de la mode ultra-éphémère venue d'Asie, l'habillement français peine à subsister et, dans ce contexte, l'existence d'une offre de reprise sérieuse était déjà un soulagement face au risque de liquidation judiciaire, funeste couperet tombé sur le groupe d'électroménager Brandt jeudi.
"Cette offre a le mérite d'exister et de maintenir plusieurs centaines d'emplois", explique à l'AFP Hélène Signoret, avocate du Comité social et économique (CSE) représentant des salariés, qui a rendu un avis favorable sur cette offre devant le tribunal.
"Évidemment, ce n'est pas une offre parfaite, elle va s'accompagner de beaucoup de licenciements, notamment sur le siège de Saint-Macaire-en-Auge (Maine-et-Loire, NDLR) et de beaucoup de fermetures de boutiques", regrette-t-elle.
Elle s'inquiète en particulier du sort des salariés du siège, où un poste sur trois seulement serait maintenu, une restructuration pouvant déboucher sur des "difficultés opérationnelles", selon elle. Dans les magasins repris, il n'y a pas de réduction d'effectifs: soit il est repris avec tous ses salariés, soit il est fermé.
- 300 emplois indirects -
Avec l'offre acceptée, 92 magasins en propre sont repris, représentant 341 emplois. S'y ajoutent 27 corners aux Galeries Lafayette (44 emplois) et 161 emplois au siège. Par ailleurs, 100 points de vente d'affiliés sont repris, soit 300 emplois indirects.
Avant même la décision du tribunal, "le plan a commencé à être mis en oeuvre par la direction", explique Sébastien Hervé, "des magasins ont commencé à être fermés dès cette semaine en anticipation", des déstockages mis en place.
L'entreprise possédait fin août 473 points de vente en France et dans 11 autres pays, et employait 1.287 salariés dans le monde, dont 1.094 en France, selon les administrateurs judiciaires.
Après le placement en redressement judiciaire en octobre, dix offres de reprise, certaines très partielles, ont initialement été déposées mais seules trois ont été maintenues et débattues à l'audience au tribunal fin novembre.
Les autres propositions émanaient de la marque Faguo, qui proposait de reprendre seulement 15 magasins, et du groupe Beaumanoir, qui s'alignait sur 5 magasins. Le tribunal a retenu la seule offre sérieuse aux yeux des salariés.
Le Basque Santiago Cucci a une bonne connaissance du groupe en tant qu'actuel président de la holding HoldIKKS. Il a fait ses armes comme dirigeant chez Quiksilver, Tommy Hilfiger ou encore Dockers (groupe Levi's).
"Il a un vrai projet, il a manifesté de façon très claire son attachement à la marque IKKS, qu'il connaît", souligne Hélène Signoret. "Et il a le soutien financier de la Financière Saint-James" de Michaël Benabou, une société d'investissement "qui a une assise financière certaine".
IKKS a rejoint la longue liste des entreprises françaises de prêt-à-porter en difficulté: Camaïeu, Kookaï, Gap France, Jennyfer, André, San Marina, Minelli, Comptoir des Cotonniers, Princesse Tam Tam, Kaporal...
Après le difficile passage à la vente en ligne, le Covid-19, l'inflation et désormais la concurrence de la seconde main et de la mode ultra-éphémère, le secteur habillement/textile recule de 1,3% en 2025 et de 8,5% depuis 2019, selon l'Institut français de la mode (IFM).
D.Verstraete--JdB