Journal De Bruxelles - MaPrimeRénov': les conseillers en rénovation énergétique craignent pour leur avenir

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MaPrimeRénov': les conseillers en rénovation énergétique craignent pour leur avenir
MaPrimeRénov': les conseillers en rénovation énergétique craignent pour leur avenir / Photo: Lionel BONAVENTURE - AFP/Archives

MaPrimeRénov': les conseillers en rénovation énergétique craignent pour leur avenir

Depuis les déboires de MaPrimeRénov' avant l'été, les professionnels qui accompagnent les particuliers souffrent de la chute du nombre des demandes d'aides à la rénovation énergétique globale et sont contraints de tailler dans leurs effectifs.

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Obligatoires depuis 2024 pour toute demande de subvention de rénovation d'ampleur, les accompagnateurs Rénov' (MAR) se sont développés partout en France, aidés et agréés par l'Agence nationale de l'habitat (Anah), pour suivre l'engouement des ménages pour la rénovation énergétique.

Mais depuis le printemps dernier, cette dynamique est "cassée", en raison de la fermeture du guichet MaPrimeRénov' pendant trois mois cet été et des changements de règles qui créent beaucoup d'incertitudes chez les particuliers, affirme à l'AFP Sebastian Ruiz, président de la communauté des MAR.

Alors que l'Anah recevait autour de 10.000 nouvelles demandes d'aides MaPrimeRénov' pour des rénovations d'ampleur chaque mois avant mai 2025, seulement 6.898 dossiers ont été déposés depuis la réouverture du guichet le 30 septembre, dont une grande partie avait passé l'été à attendre.

A titre personnel, Sebastian Ruiz obtenait en moyenne "10 nouveaux projets par mois" jusqu'à mars 2025. "Maintenant c'est à peine un projet par mois, donc 90% de moins de prospects", explique cet architecte de métier.

Le constat est du même ordre de grandeur pour Camille Thomas, présidente de l'entreprise Assistant Rénov: une baisse de 80% de l'activité de MAR et une baisse des effectifs dédiés.

Egalement à la tête du réseau de professionnels Renomar, elle affirme à l'AFP que "l'ensemble des adhérents sont en difficulté, avec plus ou moins d'intensité".

- 1.500 emplois menacés -

Parmi les 600 MAR qui ont répondu à un questionnaire de Renomar en octobre, 71% ont "déjà été contraints de prendre des mesures RH à la suite de la suspension" du guichet, et le tiers restant compte prendre des mesures dans les prochains mois.

La moitié des accompagnateurs ont licencié du personnel, ou envisagent de le faire. Selon les estimations de Renomar, cela représente 200 emplois supprimés et une baisse de 20% des effectifs en 4 mois, au sein du réseau qui compte 1.000 adhérents.

"Il est probable que ce nombre double d'ici janvier si la dynamique actuelle se maintient", s'inquiète Rénomar, qui calcule que 1.500 emplois sont menacés à l'échelle de toute la filière des MAR.

Le principal problème évoqué par les MAR est le délai d'octroi de subvention par l'Anah et le versement du solde après travaux. Vient ensuite la difficulté de trouver de nouveaux clients.

Au sein de la communauté des MAR, ce serait même un emploi (équivalent temps plein) sur deux qui serait en péril, selon Sebastian Ruiz.

"Il y a des entreprises qui se sont créées en 2025, qui ont investi dans du recrutement, des locaux, de la formation, qui ont emprunté et tout d'un coup ils se sont retrouvés en négatif et sans activité", rapporte Sebastian Ruiz, qui estime que cette situation concerne "plus de 50" de ses 200 adhérents.

L'effondrement du marché touche aussi les "acteurs historiques", les bureaux d'études et cabinets de conseil qui travaillent avec les collectivités locales sur la rénovation de l'habitat et sont regroupés au sein de l'association des consultants en aménagement et développement des territoires (Acad).

"On arrête de recruter sur des missions 100% MAR" et "les équipes sont mobilisées sur d'autres missions d'amélioration du logement", explique Julien Fortin, chargé des relations publiques de l'Acad.

Pour 2026, c'est encore l'incertitude. "Si le marché ne reprend pas très tôt et si le gouvernement et l'Anah n'envoient pas des messages forts, ça va être la catastrophe", alerte Camille Thomas.

Premier message du gouvernement, loin d'être positif, le ministre de la Ville et du Logement Vincent Jeanbrun a déclaré jeudi devant des députés que MaPrimeRénov' devrait "probablement poursuivre en 2026" avec des critères restreints, semblables à ceux actuellement en vigueur, c'est-à-dire des aides recentrées "sur des foyers très modestes et modestes". Cela exclurait la réouverture des aides pour les ménages intermédiaires et supérieurs.

R.Verbruggen--JdB