

Lecornu en passe de nommer son gouvernement, après le feu vert des Républicains
Le Premier ministre Sébastien Lecornu est en passe de composer son gouvernement, après avoir reçu dimanche le feu vert des Républicains, enclins à maintenir leur alliance avec le camp présidentiel malgré les menaces de censure.
Au terme d'un long week-end de négociations, de réunions et de coups de pression venus de toutes part dans la coalition gouvernementale, les conditions semblent réunies pour que le chef du gouvernement dévoile la liste de ses ministres.
Alors que M. Lecornu est attendu mardi après-midi à l'Assemblée nationale pour sa déclaration de politique générale, le gouvernement devrait être nommé en deux temps, avec une première salve d'une quinzaine de ministres dévoilés ce soir, ont indiqué des sources concordantes au sein du camp présidentiel, confirmant une information du Parisien.
Avec quel casting ? Plusieurs sources au sein de l'exécutif s'attendent à de nombreuses reconductions, au sein d'une équipe resserrée, avec potentiellement autour de 25 ministres au total.
Pour le crucial poste de ministre de l'Economie, chargé de faire passer le budget pour 2026, le nom du député Renaissance Roland Lescure revient avec insistance: ce dernier remplacerait alors Eric Lombard, démissionnaire.
Bruno Retailleau, lui, semble bien parti pour conserver son poste au ministère de l'Intérieur: malgré les réserves exprimées par le chef des députés de la droite Laurent Wauquiez, qui s'est finalement rangé à l'avis collectif, les parlementaires LR ont très largement opté pour une "participation exigeante", lors d'une réunion en visioconférence dimanche.
"Elle n’est pas un blanc-seing", a affirmé à l'AFP la sénatrice Agnès Evren, porte-parole du parti, à l'issue de la réunion, assurant que LR restera "très vigilant sur les textes législatifs qui seront présentés".
Les Républicains avaient fait monter la pression ces derniers jours, déplorant que certaines de leurs revendications, notamment sur l'immigration, la sécurité et la baisse de la dépense publique, ne soient pas entendues. En parallèle, ils ont exigé qu'un tiers des futurs ministres soient issus de leurs rangs.
Ils sont finalement rentrés dans le rang, après avoir reçu une "feuille de route gouvernementale", transmise dans la nuit par Sébastien Lecornu aux dirigeants des partis susceptibles de le soutenir (Renaissance, MoDem, Horizons, Les Républicains, UDI).
Le Premier ministre y déclinait ses priorités - sans grand degré de détail ni calendrier législatif précis -, appelant son socle à "s'unir" et se "rassembler" malgré les "différences".
- Loi sur la fraude -
M. Lecornu plaide pour porter l'effort budgétaire "essentiellement sur la réduction de la dépense publique", et appelle à répondre "à la demande de justice fiscale exprimée par nos concitoyens".
Il promet un projet de loi de lutte contre la fraude fiscale et sociale, pour dégager 2,3 milliards d'euros de recettes supplémentaires.
A l'adresse notamment des LR, il affirme que "la sécurité du quotidien et la lutte contre les incivilités continueront d'être une priorité majeure", ainsi que la lutte "contre l'immigration irrégulière par la mise en œuvre de solutions techniques et efficaces".
Suffisamment convaincant ? "On apprend que la nuit, il fait noir. On ne sait pas où on va", souffle un cadre du camp présidentiel. "On peut pas dire qu'il éclaire notre chemin", s'agace un autre.
Après avoir haussé le ton samedi, le MoDem semble être rentré dans le rang. Lors d'une réunion dimanche, le parti centriste a acté sa "participation" au gouvernement, adressant un "soutien clair et unanime" à M. Lecornu, selon une source au parti.
Un peu plus tôt, le chef des députés MoDem Marc Fesneau avait néanmoins dit espérer "en savoir un peu plus" sur les intentions du Premier ministre, sur France Inter.
Le parti Horizons d'Edouard Philippe s'est lui aussi réuni en bureau politique en début d'après-midi, actant d'une participation au gouvernement, en fonction toutefois des ministères proposés, selon une source interne. Quant aux centristes de l'UDI, ils sont "préoccupés" par "l'absence de coordination au sein de la coalition" et doivent eux aussi consulter leurs instances pour arrêter leur position.
En toile de fond, la pression du PS ne faiblit pas. Malgré l'annonce du renoncement au 49.3, "nous nous dirigeons tout droit vers la censure" si "la donne ne change pas", a martelé samedi le premier secrétaire Olivier Faure.
En parallèle, la France insoumise promet déjà une motion de censure dans la semaine. Comme les Ecologistes de Marine Tondelier, qui a répété dimanche ne pas voir "d'autre chemin que la censure" et envisage de déposer un texte "unitaire" pour tenter de renverser M. Lecornu.
Y.Simon--JdB