Journal De Bruxelles - Présidentielle en Bolivie: l'espoir d'un "changement" après vingt ans de socialisme

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Présidentielle en Bolivie: l'espoir d'un "changement" après vingt ans de socialisme
Présidentielle en Bolivie: l'espoir d'un "changement" après vingt ans de socialisme / Photo: AIZAR RALDES - AFP

Présidentielle en Bolivie: l'espoir d'un "changement" après vingt ans de socialisme

Les Boliviens expriment l'espoir d'un "changement" en votant dimanche pour élire leur prochain président, dans un pays plongé dans une profonde crise économique qui pourrait voir la droite revenir au pouvoir après vingt ans de gouvernements socialistes.

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Quelque huit millions d'électeurs sont appelés aux urnes alors que la Bolivie est confrontée à une pénurie récurrente de dollars et de carburant, et où l'inflation annuelle frôle 25%, un record en 17 ans.

Tenu pour responsable de la débâcle, le président sortant Luis Arce, autrefois soutenu par l'ancien président Evo Morales (2006-2019), mais désormais en conflit avec lui, a renoncé à un second mandat.

Andronico Rodriguez, le président du Sénat également issu de la gauche, et le candidat du Mouvement vers le socialisme (MAS) au pouvoir depuis 2006, Eduardo del Castillo, restent largement distancés dans les enquêtes.

"Je veux un changement. Je pense que la gauche nous a fait beaucoup de mal", estime Miriam Escobar, une retraité de 60 ans. "Il n'y a pas de travail, pas d'essence, pas de diesel, tout est très cher", déplore-t-elle en votant à La Paz.

"Nous avons atteint un point extrême, ce n'est plus tenable. Il y a l'espoir qu'un nouveau gouvernement puisse changer cette situation", abonde Julio Mendoza, 73 ans en votant lui aussi dans la capitale administrative située à 3.600 mètres d'altitude.

Dans ce contexte, deux candidats de droite, parmi les huit en lice, se disputent la première place avec environ 20% des intentions de vote : le millionnaire de centre-droit Samuel Doria Medina, 66 ans, et l'ancien président de droite Jorge "Tuto" Quiroga, 65 ans.

Tous deux promettent de rompre avec le modèle étatiste instauré par Morales, en lançant un plan de choc combinant coupes budgétaires et ouverture accrue aux investissements privés. Sous Morales, la pauvreté a reculé et le PIB triplé, mais la chute des revenus gaziers depuis 2017 a plongé le pays dans la crise.

"Aujourd'hui, est un jour très important pour les Boliviens car grâce au vote nous allons sortir de cette crise économique de manière pacifique et démocratique", a lancé Doria Medina en votant à La Paz.

L'influent homme d'affaires, candidat pour la quatrième fois à la présidence, s'engage à "un gouvernement d'austérité".

- "fin d'un cycle" -

"C'est la fin d'un cycle", a déclaré Jorge "Tuto" Quiroga, après avoir voté également à La Paz. Cet ingénieur, qui avait assuré un intérim à la tête du pays pendant un an (2001-2002), promet "un changement radical" en cas de victoire.

Les deux favoris devraient s'affronter lors d'un second tour le 19 octobre, et infliger à la gauche son plus lourd revers depuis l'arrivée au pouvoir d'Evo Morales.

L'ancien chef d'Etat de 65 ans espérait briguer un quatrième mandat présidentiel, mais la justice, en les limitant à deux, l'a écarté de la course. Visé par un mandat d'arrêt dans une affaire de traite de mineure qu'il conteste, l'ancien syndicaliste des planteurs de coca vit retranché dans son fief du centre du pays.

En votant, chaussé de sandales, Evo Morales a dénoncé un scrutin "sans légitimité", affirmant que le vote nul, qu'il a encouragé durant la campagne, allait l'emporter, tandis que ses partisans formaient un cordon autour de lui, a constaté l'AFP. Aucune présence policière n'était visible aux alentours.

Malgré son éviction, le premier chef d'Etat bolivien d'origine indigène garde de solides appuis dans certains bastions ruraux et autochtones. Mais son conflit avec Arce a fracturé le MAS, et même ceux qui ont pendant longtemps bénéficié des politiques sociales expriment aujourd'hui leur désenchantement.

Pour Daniel Valverde, politologue à l'université Gabriel René Moreno, "le pire ennemi de la gauche a été la gauche elle-même". "La corruption, la mauvaise gestion, le manque de décisions et l'improvisation ont fini par fatiguer la population", juge-t-il.

Outre le président et le vice-président, les près de huit millions d'électeurs du pays doivent aussi renouveler le parlement bicaméral.

R.Cornelis--JdB