

Les marchés financiers chahutés par l'escalade militaire au Moyen-Orient
Flambée des prix du pétrole, or qui se rapproche de son record, recul des actions, taux d'intérêt en hausse... Les marchés sont secoués vendredi par l'escalade militaire au Moyen-Orient, provoquée par les frappes aériennes d'Israël contre des infrastructures stratégiques en Iran et la riposte de Téhéran.
Après avoir temporairement bondi de plus de 12% dans la nuit, le cours du baril de WTI nord-américain a gagné 7,26% à 72,98 dollars. Le baril de Brent de la mer du Nord a pris quant à lui 7,02% à 74,23 dollars.
"Il y a des craintes quant au fait que le conflit ne s'aggrave et n'entraîne des perturbations dans l'approvisionnement en pétrole, étant donné qu'un tiers de l'approvisionnement mondial (...) provient du Moyen-Orient", relèvent Carsten Fritsch et Barbara Lambrecht, de Commerzbank.
Dans ce contexte, les valeurs refuges sont recherchées par les investisseurs. La première d'entre elles, l'or, grimpait ainsi vers 20H40 GMT de 1,43% à 3.434 dollars l'once (31,1 grammes). L'actif évoluait proche de son dernier record de 3.500 dollars l'once, atteint en avril dernier.
Côté actions, les Bourses ont accusé le coup: à Wall Street, le Dow Jones a reculé de 1,79%, l'indice Nasdaq a perdu 1,30% et l'indice élargi S&P 500 a lâché 1,13%.
Sur le Vieux Continent, Paris a reculé de 1,04%, Francfort 1,07% et Milan 1,28%. Londres a cédé 0,39%.
Les investisseurs "réduisent leur exposition au risque, mais il ne s'agit pas d'une vente de panique", estime auprès de l'AFP Steve Sosnick, d'Interactive Brokers.
Reste que "lorsque ce type d'événement survient, il y a des craintes de stagflation sur les marchés, mélange de faible croissance et d'inflation provoquée par la hausse des prix des énergies fossiles", relève Kevin Thozet, membre du comité d'investissement chez Carmignac, interrogé par l'AFP.
Les rendements des emprunts d'État grimpaient, les investisseurs estimant que cette "stagflation" compromettrait de futures baisses des taux des grandes banques centrales, alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) se réunit la semaine prochaine.
Vers 20H40 GMT, le taux d'intérêt américain à dix ans atteignait ainsi 4,41%, contre 4,36% la veille en clôture. Son équivalent allemand, référence en Europe, atteignait 2,53%, contre 2,47%.
Les investisseurs sont en partie dans "une approche attentiste vis-à-vis de ce qui se passera pendant le week-end parce que la situation est évidemment très instable", d'autant que "les marchés actions ne sont pas vraiment efficaces pour évaluer le risque géopolitique", estime Steve Sosnick.
Le dollar s'est quelque peu repris face à l'euro, après les frappes d'Israël contre l'Iran.
La devise souffre depuis plusieurs mois en raison du désamour des investisseurs envers les actifs américains à cause des menaces protectionnistes de Donald Trump.
Vers 20H45 GMT, le billet vert prenait 0,31%, à 1,1548 dollar pour un euro.
La devise américaine est "soutenue par une préférence pour des devises plus sûres, malgré des inquiétudes persistantes quant à sa stabilité à long terme", constate Patrick Munnelly, analyste chez Tickmill.
La monnaie unique européenne souffre du fait que "les Européens sont davantage exposés à une hausse des prix du pétrole, car ils importent la quasi-totalité de leurs hydrocarbures", explique Kevin Thozet.
L'aérien recule
De nombreuses compagnies ont supprimé ou dérouté des dizaines de vols vendredi après les frappes israéliennes. Israël, l'Iran, mais aussi l'Irak et la Jordanie ont fermé leur espace aérien, provoquant l'annulation de nombreux vols vers et depuis le Moyen-Orient, ou survolant la région.
Les groupes du secteur dévissaient donc en Bourse, à l'image de United Airlines (-4,43%), American Airlines (-4,86%) et Delta (-3,76%) à Wall Street. En Europe, Air France-KLM a perdu 4,74%, Lufthansa 2,74% et Easyjet 2,65%.
A.Martin--JdB