

Grève SNCF: pagaille évitée dans les trains, polémique sur le recours aux volontaires pour remplacer les grévistes
Des perturbations localisées dans les trains régionaux et des circulations quasi normales sur les TGV: la "semaine noire" annoncée à la SNCF n'atteint pas l'ampleur espérée par les syndicats contestataires du groupe, qui accusent la direction d'avoir eu recours à des "briseurs de grève".
"Il y a une volonté d'invisibiliser complètement le conflit", s'indigne le secrétaire fédéral SUD-Rail, Fabien Villedieu. Son syndicat, en pointe dans la contestation, appelait les conducteurs à se mettre en grève mercredi, puis les contrôleurs pour tout le week-end à partir de vendredi.
La CGT-Cheminots appelait elle toutes les catégories de personnel à la mobilisation dès lundi. Les deux organisations syndicales réclament des mesures salariales et une meilleure anticipation des plannings, trop imprévisibles à leur goût.
Les deux autres syndicats, l'Unsa-Ferroviaire et la CFDT-Cheminots, n'ont pas appelé à la grève.
"On estime qu'il y a 40% de conducteurs de train en grève" dans toute la France mercredi, assure Fabien Villedieu. Les régions les plus touchées sont l'Ile-de-France avec une moyenne d'un train sur deux supprimés et la Nouvelle-Aquitaine avec seulement quatre TER sur dix en circulation. Les TGV roulent eux normalement.
En début de semaine, les perturbations ont surtout concerné les Hauts-de-France, place forte de la CGT. Côté TGV, la grève des contrôleurs des 9, 10 et 11 mai n'entraînera la suppression que de 10% des trains, selon la direction.
- Cadres volontaires -
La SNCF est parvenue à limiter les effets de la grève par un recours massif aux "volontaires accompagnement occasionnel" (VAO), des cadres de l'entreprise ayant reçu une formation express et capables de remplacer ponctuellement les chefs de bord.
Ces "mercenaires briseurs de grève" sont des "gens archi sous-formés et archi-surpayés", s'emporte M. Villedieu. Les VAO bénéficient de sept jours de formation et sont rémunérés entre 15 et 50 euros de l'heure en fonction du type de service pour remplacer les contrôleurs grévistes.
"Ca n'est pas acceptable d'instrumentaliser de cette manière l'encadrement", a réagi la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet. SUD-Rail a annoncé son souhait d'attaquer ce dispositif en justice.
Pour autant, d'après un cadre syndical de la SNCF, "le mouvement n'est pas aussi suivi qu'ils (CGT et SUD) le pensaient". Certaines régions ont été quasiment épargnées, comme le Centre-Val-de-Loire, où l'on comptait 16% de grévistes chez les conducteurs mardi.
Chez les contrôleurs, le taux de gréviste atteint 31% pour vendredi, dont environ 60% sur le TGV, selon les déclarations d'intention des salariés. Il pourrait être un peu plus élevé samedi, indique un document interne à la direction.
- Grève en juin -
"Chez les contrôleurs, cette grève n'est pas aussi populaire que les précédentes", souligne le rédacteur de la lettre spécialisée Mobilettre et spécialiste des transports, Gilles Dansart.
D'après lui, les jeunes contrôleurs ne sont pas en phase avec les plus âgés, rassemblés au sein du Collectif national ASCT (CNA), et très engagés sur les questions des fins de carrière et des droits à la retraite.
"La majorité des syndicats ne cautionnent pas les mouvements catégoriels", ajoute-t-il. La "semaine noire" a été évitée mais "l'hypothèse d'un conflit important n'était pas crédible", juge-t-il.
La stratégie mise en place par la direction avec le recours aux VAO a en plus été efficace, dit Gilles Dansart.
Pour autant, les syndicats sont loin d'avoir rendu les armes. "La colère restera et il y aura des suites dans la mobilisation. On ne s'arrêtera pas là", prévient Fabien Villedieu de SUD-Rail. La CGT-Cheminots a d'ores et déjà appelé les cheminots à une nouvelle journée de mobilisation le 5 juin.
Après l'échec du dernier mouvement contre le démantèlement de Fret SNCF en fin d'année dernière, les syndicats contestataires jouent gros sur ce dossier.
P.Claes--JdB