Journal De Bruxelles - Dans le ciel, la mer, l'Australie à l'affût des attaques de requins

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Dans le ciel, la mer, l'Australie à l'affût des attaques de requins
Dans le ciel, la mer, l'Australie à l'affût des attaques de requins / Photo: DAVID GRAY - AFP/Archives

Dans le ciel, la mer, l'Australie à l'affût des attaques de requins

Au-dessus des plages de Sydney, des drones surveillent l'un des prédateurs les plus meurtriers de l'océan, guettant le moindre mouvement de queue, de nageoire ou d'ombre glissant à travers les vagues.

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Les eaux australiennes abritent de nombreux requins, qui effraient sans dissuader les passionnés de nage, surf et autres sports aquatiques. En 2024, près des deux tiers de la population australienne ont effectué 650 millions de visites sur le littoral en un an, selon une enquête.

Mais cette affluence n'est pas sans risque. Même si elles restent rares, les attaques mortelles de requin semblent augmenter, avec 56 décès signalés au cours des 25 années précédant 2025, contre 27 décès au cours du quart de siècle précédent.

La surpopulation des eaux et la hausse des températures océaniques pourraient contribuer à l'augmentation du nombre d'attaques, malgré la surpêche qui décime certaines espèces, avancent des scientifiques.

Le mois dernier, un surfeur est décédé après avoir été attaqué par un grand requin blanc au large d'une plage populaire du nord de la ville.

Un "accident tragique et inévitable", selon sa famille, qui touche un point sensible dans le pays: quel dispositif adopter pour se protéger des requins?

- Avancées technologiques -

Une technique en plein essor repose sur l'utilisation de drones, qui ont repéré et suivi plus d'un millier de requins le long des côtes de la Nouvelle-Galles du Sud en 2024.

"Si nous voyons quelque chose, nous descendons et zoomons pour voir s'il s'agit d'un requin dangereux ou non", explique à l'AFP Oliver Heys, cadre de l'association Surf Life Saving New South Wales.

Les pilotes de drones recherchent trois types de requins considérés comme les plus dangereux: les requins-tigres, les requins-bouledogues et les grands requins blancs, dont l'espèce représente à elle seule 42% des attaques depuis 2000.

Le cas échéant, les secouristes envoient un jet-ski ou un bateau afin d'éloigner l'animal.

- "Pas de solution miracle" -

Autre dispositif courant, la mise en place chaque été de filets anti-requins au large des côtes de Nouvelle-Galles du Sud et du Queensland, soulève de nombreuses controverses.

Trois collectivités locales ont envisagé de les supprimer cette année, mais leur initiative a été suspendue après l'attaque mortelle de septembre.

Des données officielles montrent que ces filets capturent des tortues, des dauphins, des poissons ou des raies en voie de disparition.

A l'échelle mondiale, environ 37% des espèces océaniques de requins et de raies sont maintenant classées comme menacées ou en danger critique d'extinction par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Et ces filets, déployés depuis près de huit décennies, ne sont plus adaptés, affirme à l'AFP Leonardo Guida, spécialiste des requins à l'Australian Marine Conservation Society.

"Il n'y a pas de solution miracle", concède-t-il.

"Nous n'allons pas éliminer 100% du risque mais nous pouvons l'atténuer autant que possible", soutient-il pour autant.

Une autre technique repose sur des bouées, équipées d'hameçons avec des appâts, qui envoient une alerte lorsqu'un requin mord et marquent les animaux avec des traceurs.

Les baigneurs et surfeurs peuvent alors surveiller les requins grâce à une application appelée Shark Smart, qui les alerte en temps réel lorsqu'un spécimen marqué s'approche.

Mais cette technologie ne fonctionne que si le requin a été marqué ou nage à proximité d'une antenne capable de le détecter.

- "Sauver des vies" -

Attaquant le problème par un autre angle, des scientifiques cherchent à réduire les risques de décès en cas de blessure.

Avec son équipe, Charlie Huveneers, professeur à l'université Flinders d'Adélaïde, ont testé des combinaisons de plongée résistantes aux morsures afin de déterminer si elles pouvaient réduire les blessures et les pertes de sang, cause de décès la plus fréquente lors d'une attaque de requin.

Cette étude, financée par le gouvernement de Nouvelle-Galles du Sud, révèle que les quatre matériaux testés peuvent réduire les dommages causés par une morsure par rapport aux combinaisons classiques.

Les recherches précédentes de M. Huveneers ont également montré qu'un dispositif électronique individuel, conçu pour repousser les requins en perturbant leur système électrosensoriel, pouvait réduire les morsures d'environ 60%.

"L'Australie est à la pointe des méthodes pour réduire les morsures de requins", assure-t-il, "nous pouvons réellement sauver des vies".

Selon une base de données nationale, plus de 1.280 incidents impliquant des requins ont été enregistrés autour de l'Australie depuis 1791, dont environ 260 mortels.

Ces attaques restent donc relativement peu fréquentes, au regard d'autres risques. Les noyades sont par exemple plus mortelles, avec 357 morts entre juin 2024 et juin 2025.

C.Bertrand--JdB