Un sanctuaire nigérian critique la décision de la Turquie de garder un bébé gorille
La décision de la Turquie de garder un bébé gorille africain sauvé du trafic "n'a aucune logique", a déclaré samedi la directrice d'un sanctuaire nigérian de la faune sauvage, qui se préparait à accueillir Zeytin avant de le réintroduire dans son habitat naturel.
Le primate, âgé de cinq mois, a été découvert à l'aéroport d'Istanbul dans une caisse en bois, placée dans la soute d'un avion de Turkish Airlines en provenance du Nigeria et à destination de la Thaïlande. Il a ensuite été placé dans un zoo situé dans les collines à l'extérieur d'Istanbul pour se rétablir.
Le Nigeria avait demandé sa réintroduction à l'état sauvage et les autorités de conservation turques avaient lancé le processus, mais l'ont interrompu après qu'un test ADN a confirmé que Zeytin appartenait à une espèce non native du Nigeria.
Vendredi, les responsables turcs ont annoncé que Zeytin ne serait pas réintroduit au Nigeria mais maintenu dans un zoo en Turquie.
La Fondation Pandrillus au Nigeria se préparait à héberger Zeytin avec un autre jeune gorille de la même sous-espèce avant d'envoyer le duo dans un sanctuaire d'un pays d'Afrique centrale.
"Nous sommes extrêmement déçus. Il n'y a aucune logique dans ce que fait le gouvernement turc", a déclaré la directrice de la Fondation Pandrillus, Liza Gadsby, à l'AFP.
"Et si la Turquie ne veut pas l'envoyer au Nigeria, mais directement dans un sanctuaire de gorilles, c'est bien. Mais ils doivent faire ce qu'il faut pour cet animal", a-t-elle ajouté.
"Ils ont fait ce qu'il fallait en le confisquant au départ", mais le garder en Turquie "va à l'encontre de tout ce qu'ils sont censés faire en tant que signataires de la CITES", a-t-elle déclaré.
C'est au nom de cette Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction que la Turquie justifie sa décision de garder le bébé gorille.
Le sanctuaire possède un autre gorille qui a été confisqué par les douanes nigérianes il y a plus de deux ans.
À la lumière de la décision de la Turquie, Mme Gadsby a déclaré que le centre nigérian commencerait lundi le processus pour réintroduire l'autre gorille dans son milieu naturel. "Nous n'avons jamais eu l'intention de le garder", a-t-elle dit.
Selon Traffic, une ONG britannique spécialisée dans la protection de la faune sauvage, le commerce des bébés grands singes est en hausse: de plus en plus d'acheteurs cherchent à en faire des animaux de compagnie ou à les exploiter pour des zoos, des cirques, des spectacles ou sur les réseaux sociaux.
Les bébés gorilles sont particulièrement visés "car très maniables et faciles à transporter" souligne Traffic.
W.Wouters--JdB