De nouvelles pluies torrentielles menacent Sumatra, où la famine guette, et arrosent le Sri Lanka
De nouvelles pluies torrentielles sont prévues en Indonésie et s'abattent déjà sur le Sri Lanka, après les inondations et les glissements de terrain qui ont fait 908 morts dans la seule île indonésienne de Sumatra, où la famine guette désormais.
Ce nouveau bilan a été fourni samedi par l'agence nationale de gestion des catastrophes selon laquelle 410 personnes sont en outre toujours portées disparues dans cette région de l'ouest de l'Indonésie.
Et le nombre des morts pourrait y augmenter du fait de la famine qui menace les villages et les "zones restant inaccessibles dans les régions reculées d'Aceh", s'est inquiété Muzakir Manaf, le gouverneur de cette province septentrionale "complètement détruite, du nord au sud, des routes à la mer".
"De nombreuses personnes ont besoin de produits de première nécessité", a-t-il déclaré à la presse. "Les gens ne meurent pas à cause des inondations mais à cause de la faim".
Au total, environ 1.800 personnes ont péri en Indonésie, au Sri Lanka, en Malaisie, en Thaïlande et au Vietnam à la suite d'une série de tempêtes tropicales et de pluies de mousson qui ont provoqué des glissements de terrain et des crues soudaines.
Au Sri Lanka, qui a sollicité l'aide internationale cette semaine, les autorités ont fait état de 611 personnes ayant perdu la vie et de 213 autres portées disparues - présumées mortes - dans ce que le président Anura Kumara Dissanayake a qualifié de cataclysme naturel le plus grave jamais connu par son pays.
Plus de deux millions de personnes, soit près de 10% de la population, ont été impactées.
- Crainte de nouvelles catastrophes -
Le Centre de gestion des catastrophes srilankais a par ailleurs averti de la possibilité de nouveaux éboulements dans plusieurs zones de la Province centrale, la plus touchée, tandis que la mousson du nord-est s'installe sur l'île et apporte davantage de précipitations, qui ont entravé les opérations de nettoyage.
Les habitants évacués des collines centrales sujettes aux glissements de terrain ont été priés de ne pas rentrer immédiatement chez eux.
D'après l'agence météorologique indonésienne, la pluie pourrait également revenir samedi dans les provinces du nord de Sumatra, où l'eau et la boue ont enseveli les maisons.
Fachrul Rozi, victime des inondations à Aceh, a raconté avoir passé la semaine dernière dans un vieux magasin avec d'autres personnes ayant fui la montée des eaux.
"Nous mangions ce que nous trouvions, en nous entraidant avec les maigres provisions que chacun avait apportées", a-t-il dit à l'AFP. "Nous dormions entassés les uns sur les autres".
Munawar Liza Zainal, un autre habitant d'Aceh, se sent pour sa part "trahi" par le gouvernement indonésien, qui n'a jusqu'à présent pas décrété l'état de catastrophe nationale, malgré les pressions.
Selon certains experts, les autorités à Jakarta hésitent à sauter ce pas, ne voulant pas avoir à solliciter l'aide internationale, ce qui traduirait leur incapacité à faire face seules à cet évènement climatique.
- Aide aux Srilankais -
De plus, un million de roupies (3.300 dollars) sont offertes à titre d'indemnisation aux proches des victimes, malgré les récentes difficultés économiques rencontrées par le Sri Lanka.
La banque centrale a quant à elle ordonné aux établissements bancaires, publics comme privés, de rééchelonner les prêts accordés aux personnes ainsi devenues vulnérables et de ne pas imposer de pénalités aux emprunteurs défaillants.
Le Centre de gestion des catastrophes a annoncé que près de 75.000 maisons avaient été endommagées au Sri Lanka, dont environ 5.000 ont été complètement détruites.
Et quelque 150.000 personnes sont toujours hébergées dans des centres d’accueil gérés par l’Etat.
L’armée de l’air a fait savoir qu’elle continuait de recourir à des hélicoptères et à des avions samedi pour ravitailler les communautés isolées par des glissements de terrain dans le centre du Sri Lanka.
Un haut responsable a estimé que le redressement de son pays et la reconstruction pourraient coûter jusqu'à sept milliards de dollars.
Le Fonds monétaire international (FMI) a de son côté annoncé examiner la demande du Sri Lanka visant à obtenir 200 millions de dollars supplémentaires, en plus de la tranche de 347 millions de dollars que ce pays devait déjà recevoir ce mois-ci.
A.Parmentier--JdB