

Léon XIV: plus de touristes américains à Rome? Les commerçants se frottent les mains
Les commerçants de Rome jubilent à l'idée qu'un pape venu des Etats-Unis puisse attirer encore davantage de touristes américains dans la capitale italienne, tant ces derniers ont de sérieux attraits, dont leur portefeuille.
Dans le quartier central du Trastevere, déjà bondé de touristes, l'hypothèse réjouit. "Dans leur culture, c'est 10% de pourboire automatiquement. Donc quand ils sont ici, ils gardent cette habitude", sourit ainsi Roberto, restaurateur du quartier, spécialisé dans la cuisine du sud du pays.
"C'est super pour le business", abonde à quelques rues de là Cristiano Bolognesi, tenancier du restaurant Da Massi. "Ils ne dépensent pas autant qu'avant, mais ils ont quand même des dollars. Je pense que l'impact se verra dans les prochains mois."
A la mairie de Rome, on veut aussi y croire, l'adjoint chargé du tourisme Alessandro Onorato pariant auprès de l'AFP que "l'élection du pape Léon XIV affectera les flux de touristes américains."
Et de rappeler que les Américains "constituent déjà notre premier marché: sur les deux premiers mois de 2025, c'était 313.000" touristes venus des Etats-Unis "sur un total de 633.000" dans la métropole. Et "2,5 millions" sur "5 millions de visiteurs" en 2024 déjà.
Né à Chicago, Léon XIV est le premier pape américain, suscitant l'enthousiasme dans son pays natal, qui compte la quatrième plus grosse population de catholiques au monde.
"Je suis sûr qu'il aura un impact sur l'arrivée d'Américains" s'enthousiasmait mercredi Rick, venu du Texas contempler depuis la place Saint-Pierre le balcon d'où Léon XIV a prononcé son premier discours.
"Ce n'est pas simplement qu'il est Américain, c'est aussi ce qu'il a fait dans d'autres pays en tendant la main au monde ou sa mission de justice sociale", ajoute son épouse, Karla. "Nous faisons partie des Américains, - ce n'est pas le cas de tous -, qui pensent qu'il faut traiter correctement les migrants", ajoute Rick.
Et "c'est vrai que nous sommes habitués à donner des pourboires, j'en ai donné un tout à l'heure au chauffeur Uber et il était très surpris," s'amuse le texan.
- Un budget "dans la moyenne haute" -
Pour Stefano Corbari, président de la plus grosse fédération d'agences de voyage du Latium, la Fiavet Lazio, "le tourisme américain se porte bien en ce moment, nous avons déjà eu une explosion l'an dernier et les diocèses américains sont généralement bien organisés, dès l'année prochaine, ils commenceront à organiser des voyages à Rome", veut-il croire.
D'après un sondage en février du lobby européen ETC (European Travel Commission), les touristes américains sont un peu plus enclins à prévoir un gros budget lors de leur voyage en Europe, - plus de 200 euros par jour pour 33% d'entre eux -, que ceux venus de Chine (29%) ou du Canada (20%).
"Ce n'est plus l'âge d'or, lorsque les touristes américains dépensaient des sommes énormes, mais ils attendent un certain niveau de qualité et voyagent peu de temps, donc leur budget est dans la moyenne haute", assure Stefano Corbari à l'AFP.
Comme son prédécesseur François, le pape "pourra peut-être aussi attirer les Sud-Américains, de bons clients", estime Cristiano Bolognesi, Léon XIV ayant passé plus de 20 ans au Pérou, dont il possède aussi la nationalité, ce qui fait de lui également le premier pape péruvien.
Le tourisme en Italie est directement à l'origine de plus de 6% du PIB, ou presque 13% en prenant en compte les effets indirects notamment sur la restauration, la culture, ou les transports, selon l'institut national de statistiques Istat.
Le Vatican, dont les recettes reposent en partie sur ses musées, devrait également accueillir avec optimisme l'arrivée de nouveaux touristes attirés par l'élection de Léon XIV, tant ses finances sont chroniquement déficitaires (presque 70 millions de perte en 2023).
Mais comme dans d'autres villes européennes, habitants et responsables politiques estiment que Rome est victime de surtourisme, qui s'est accentué après la crise du Covid, les prix de nuitée s'envolant depuis 2019.
La mairie de Rome avait dit fin 2024 envisager de faire payer l'accès à la célèbre fontaine de Trevi, et de limiter l'ouverture de nouveaux logements de vacances. Elle disait souhaiter un tourisme "durable pour la ville et pour l'environnement", un thème cher au pape François.
X.Maes--JdB